Monday, September 29, 2008

Mutinerie des FDS vendredi et samedi derniers/ Yamoussoukro: Ce qui s'est réellement passé

La journée du vendredi 26 septembre a été chaude dans notre capitale politique et administrative. Les habitants de Yamoussoukro ont été réveillés tôt par des bruits d`armes légères et d`armes lourdes. A l`origine de cette situation, le mécontentement des soldats qui étaient précédemment en poste avancé sur la ligne de front. C`est précisément aux environs de 5 heures 30 que les populations de la cité des Lacs ont été tirées de leur sommeil par des rafales et par des détonations en provenance du camp militaire du deuxième échelon où se trouvent basés les soldats FDS regroupés après la suppression de la zone de confiance.

Autour de 08 heures, les tirs s`intensifient. La population panique. Des coups de fils fusent de partout, histoire de s`enquérir de ce qui se passe dans la ville de Yamoussoukro naguère paisible, nous décidons de faire un tour dehors. L`on apprendra peu après qu`il s`agit d`une mutinerie des soldats du deuxième échelon. Et que ces derniers réclament des primes promises mais restées jusque-là impayées. Peu après 09 heures, la première tentative de négociation est menée par le commandant du théâtre des opérations, le lieutenant-colonel Konan Boniface. Avec ses hommes en armes, il se rend dans le camp des mutins. Mais la négociation tourne court, les mutins n`ayant pas apprécié les propos du colonel qu`ils ont jugé menaçants. Pour eux, pas question de céder aux menaces. Des soldats excités décident de refouler les officiers venus en médiation. La rencontre se termine en queue de poisson. Le colonel Konan se retire avec ses hommes. La négociation a donc échoué.

C`est ainsi que le mouvement va s`intensifier et se propager à travers la ville. En effet, les soldats, non satisfaits, décident d`occuper l`aéroport. Mais chemin faisant, ils changent d`avis. Ils se dirigent plutôt vers le corridor Nord (route de Bouaké) qu`ils occupent de force. Ils y restent pendant un long moment, en envoyant des tirs sporadiques en l`air, créant la panique chez les riverains. Les gendarmes, policiers, douaniers et agents des eaux et forêts en poste au corridor assistent impuissants à la scène.


Pendant ce temps, en ville, les habitants constatent un déploiement de policiers et de gendarmes, suivi de patrouilles régulières dans les rues. Mais aucun contact physique n`a eu lieu entre agents de police, de gendarmerie, et mutins.


Les manifestants maintiennent le siège du corridor jusqu`à 13 heures, du moins le gros lot car quelques-uns d`entre eux se signalaient dans d`autres quartiers de la ville.


Au moment où le grand groupe décide de se déporter au centre-ville pour se faire entendre et voir, il est de nouveau appelé à la table de négociation.


C`est qu`entre-temps, le Ministre de la Défense Amani Michel est informé de la situation. Il instruit donc un groupe d`officiers que dirige encore le commandant du théâtre des opérations Konan Boniface pour négocier avec les "jeunes gens", dans leur base au camp militaire du deuxième échelon. Après avoir bruyamment exprimé leurs complaintes et leur ras-le-bol, les manifestants acceptent le deuxième round des négociations.


Ils répondent ainsi à l`appel de quitter la rue pour rentrer en caserne.


Le deuxième round des négociations s`avèrera houleux et long.


La journée passe, la soirée s`estompe, la nuit tombe, sans point d`accord. Les négociateurs ne baissent pour autant pas les bras. Le jour se lève le lendemain samedi 27 septembre, et c`est dans le courant de la journée que les esprits s`apaisent. Les mutins acceptent la promesse ferme des officiers médiateurs de corriger très rapidement le tort, voire l`injustice qui leur est faite.


Et dans la soirée, tous ont suivi le communiqué de l`état-major des Armées annonçant une rallonge du paiement mensuel des primes de 50 000 francs.


C`est donc véritablement hier dimanche 28 septembre que la population de Yamoussoukro qui retenait son souffle a pu vaquer de nouveau et de manière effective à ses occupations. Après 48 heures de suspense. Et d`angoisse.

Source: Le Nouveau Reveil

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