Thursday, September 18, 2008

Côte d'Ivoire: 5 milles éléments des FN dans la nouvelle armée - Entre la Présidence et les Forces nouvelles, le choix de la raison d'Etat

Comme une gangrène, l`épineuse question des éléments issus de la rébellion des Forces nouvelles a ressurgi. La proposition du Président Compaoré semble réaliste.

La réunion du Comité d`Evaluation et d`accompagnement (CEA) tenue mardi dernier, à Ouagadougou la capitale du Burkina Faso permet au facilitateur Blaise Compaoré de revenir sur un sujet suffisamment délicat dans la résolution de la crise en Côte d`Ivoire. Il s`agit, en fait, d`une équation pour le moins difficile à solutionner de par son caractère hautement technique, qui n`avait jamais disparu du carnet des priorités du facilitateur. Bien au contraire.

Qu`est-ce qui urgeait dans un contexte de crispation qui était le nôtre avant le dialogue direct, pour qu`on aille vite en besogne? Homme d`Etat ayant suivi de très près l`évolution de la crise, Compaoré aurait subi l`échec de sa médiation comme un drame. D`abord, pour la Côte d`Ivoire, pays phare de la sous-région ouest-africaine. Ensuite, comme un drame personnel comparativement aux précédents médiateurs. L`Etalon pilote donc la facilitation avec un cachet tout particulier, celui d`ultime médiateur. 18 mois de facilitation à gérer les susceptibilités dans les camps des signataires de l`Accord qu`il parraine, vont alors favoriser la mise momentanément en veille du dossier des éléments de la nouvelle armée.

A charge pour lui de laisser fondre les crispations, d`observer les démarches dans le camp des signataires et de voir les négociations porter leurs fruits. Toutes choses qui semblent lui réussir d`ailleurs, très convaincu est-il que le moment est plus que jamais opportun. C`est donc avec assurance qu`il aborde depuis officiellement trois jours, le problème de l`effectif des ex-combattants des Forces nouvelles. Des éléments appelés à grossir les rangs de l`Armée régulière ivoirienne. Pas en tant que supplétifs mais en tant que soldats à part entière d`une armée résolument tournée vers le modernisme qui aura fait sa mue. C`est un autre défi. Faut-il le noter, les choses n`ont pas toujours été aisées. Pendant la guerre des chiffres entre armées régulières et rebelles, les Forces nouvelles avaient exagérément grossi leurs effectifs estimés entre 30 et 40 mille soldats. Chiffre ``évidemment fantaisiste pour raisons de secret défense``, dénoncent des experts. A la vérité, aucune expertise militaire sérieuse n`accorderait pas plus de 10 mille hommes au Secrétaire général Guillaume Soro. En y soustrayant les milliers démobilisés volontaires retournés à la vie civile, il ne resterait plus grand-chose de cet effectif. Pour l`état-major des FDS-CI, il n`était pas question à cette époque de réintégrer des déserteurs. A plus forte raison intégrer des enrôlés à qui il faudra apprendre tout de la vie et de la discipline d`une institution comme l`Armée.

Mais le temps fait son effet, de la période d`avant signature de l'APO au lancement officiel de l`opération de l`identification et de l`enrôlement, le lundi 15 septembre 2008 à Yamoussoukro, beaucoup d`eau a coulé sous le pont de la crise et douché bien des ardeurs. La proposition du Facilitateur aux signataires que sont le Président Laurent Gbagbo et le Premier ministre Guillaume Soro d`intégrer 5 mille combattants issus de la rébellion des Forces nouvelles dans la nouvelle armée ivoirienne colle à la raison. La raison d`Etat. Compaoré réduit de tiers les chiffres de l`état-major des FN et confirme l`expertise des initiés. Le Président Compaoré ouvre ainsi une porte qui donne sur l`élection présidentielle prévue au 30 novembre de cette année. Reste maintenant aux Ivoiriens d`y entrer.


Source: Le Temps

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