Le dernier communiqué signé par les généraux André Ndriarijaona et Bruno Razafindrakoto paraîtra selon les opinions plein de subtilité ou bourré d’ambigüités. Il n’exclut pas l’arrivée de militaires en masse dans un prochain gouvernement. Mais il empêchera Andry Rajoelina de clamer que ces militaires sont neutres car désignés par une institution neutre, ce qui enlèvera pas mal d’intérêt à la manoeuvre.
L’institution Armée hors jeu
À propos des militaires, Albert Einstein avait dit: « Ceux qui aiment marcher en rangs sur une musique: ce ne peut être que par erreur qu’ils ont reçu un cerveau, une moelle épinière leur suffirait amplement ». Osons cependant croire qu’il n’y a pas que des adorateurs du pas de canard, des soudards et des obsédés de la Kalachnikov au sein de l’armée. On ne peut qu’être frappé de la présence régulière d’officiers militaires au sein des différents séminaires dispensés par les instituts de formation de toute l’île, et on peut imaginer qu’il existe encore quelques militaires disponibles et suffisamment pondérés pour qu’ils puissent aider à garder les meubles de certaines institutions pendant quelques mois de transition. Mais il ne faudra donc pas compter officiellement sur l’Armée pour dénicher des perles en son sein.
Les interrogations récentes ont souvent été : l’Armée sera-t-elle dedans ou dehors ? Le communiqué d’hier ne répond pas complètement à la question. Avouons cependant notre soulagement à ce que la tendance soit actuellement plutôt au « dehors », parce que le véritable besoin est que l’armée soit « autour » de la République. Quitte à ce que, comme en 1991, elle soit amenée en des circonstances exceptionnelles à dire: « personne ne sort avant que vous ne trouviez un accord ». Mais il ne faut pas trop attendre d’une institution en plein désordre qu’elle rétablisse l’ordre.
Trop d’idées ou manque d’idées ?
Nul doute que les prochains jours vont encore voir fleurir des discussions homériques et un rien échauffées sur les schémas de sortie de crise. Hélas, les argumentations mises en avant par les uns et les autres semblent avant tout dissimuler le manque de volonté. Les meilleures tactiques ne mèneront nulle part si l’on ne sait pas où l’on veut aller.
Tout le monde déclare vouloir sortir rapidement de cette transition et aller vers une quatrième République, mais il est frappant qu’alors que tout le monde dit avoir une idée de feuille de route, personne parmi les ténors ne s’aventure à décrire précisément cette quatrième République et ne fasse de propositions concrètes et argumentées sur la manière d’éviter que cette République là ne ressemble furieusement à celle qui l’a précédée.
Espérons que, rien que pour nous contredire, un militaire se mette à nous soumettre des propositions de Constitution et de lois organiques... Ce serait peut-être là un indice de véritable volonté de rupture.
Par Patrick A.
Source: Madagascar Tribune (07/05/2010)
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