Sunday, March 7, 2010

DRC: A l'exemple du Sud-Kivu - des camps militaires hors des agglomérations urbaines

La dispersion des militai­res hors des casernements, le surpeuplement des camps, leur localisation à l’intérieur des agglomérations urbaines, à forte proportion des civils dans ces camps sont autant de facteurs qui favorisent la di­vagation des militaires.

La province du Sud-Kivu sera dotée de casernes pour abriter les militaires de la neu­vième région militaire des Fardc, initiative applaudie de deux mains par les Congolais qui souhaitent voir, à l’instar d’autres pays du monde, des camps militaires hors de cen­tres urbains afin de mettre fin à la cohabitation on ne peut plus difficile entre les hommes en uniforme et leurs compa­triotes civils.

En effet, le casernement des militaires hors de villes est une donne classique qui pro­cède, depuis la nuit des temps, d’une exigence fonda­mentale propre à toute société militaire qui, par essence, est une corporation au sein de la­quelle les hommes et les fem­mes qui la composent sont restreintes à de rudes épreu­ves professionnelles et soumis à des règles rigoureuses de discipline et d’éthique, qui constituent leur code d’hon­neur.

L’émergence d’un esprit de camaraderie, de solidarité et de disponibilité permanente sont des atouts indispensables à l’éclosion d’une société homogène en ce qu’elle permet de soutenir un esprit de corps, facteur déter­minant qui milite en faveur d’une organisation structurelle unie et cohérente, devant fa­ciliter l’encadrement et le commandement des hommes qui s’exercent selon des normes organiques différentes de la société civile; le militaire doit être placé dans un environne­ment qui lui est propre en te­nant compte à la fois de sa configuration géographique et des acteurs socio-culturels en adéquation avec son mode de fonctionnement.

Sa mise en condition psy­chologique, son état physique et l’utilisation de ses instru­ments de travail, notamment les armes et es munitions, soulèvent la problématique de la gestion des relations humai­nes et de l’espace au sein de la société, celle-ci étant prise dans son acception générale.

D’où, la question de savoir, si la cohabitation entre civils et militaires dans un espace géo­graphique restreint, peut se réaliser harmonieusement, sans risque de provoquer des nuisances de diverses natu­res, sans bousculer les esprits et la quiétude des uns par rapport aux autres.

Il s’impose donc, en re­gard de ce qui précède et de l‘expérience partagée par tous dans les centres urbains, de concevoir autrement en se projetant dans un avenir pro­che la prise en charge des militaires du point de vue de leur casernement.

C’est à une nouvelle politique d’implanta­tion des casernes hors de grandes agglomérations que le gouvernement de la Répu­blique devrait s’orienter dans Ie cadre de grands travaux avec le concours des partenai­res extérieurs désireux d’ac­compagner la RDC dans ses efforts de refondation de l’Etat.

Le casernement militaire de l’époque coloniale à ce jour

L’histoire du casernement militaire dans notre pays re­monte à l’époque coloniale avec la Force Publique qu n’était pas une armée au sens strict du terme bien que les colonisateurs, débordés, ont dû recouvrir à ce corps lors de deux guerres mondiales sur le théâtre africain.

Sa taille et ses missions en faisaient plutôt une substitution chargée d’ap­puyer plus efficacement la po­lice dans le cadre du maintien et du rétablissement de l’ordre public. Elle constituait, en ef­fet, le pendant de l’armée métropolitaine belge qui, elle, de­vrait intervenir, le cas échéant, lors d’une vraie campagne militaire.

Des lors, l’implantation des casernes militaires était fonction des objectifs relatifs au contrôle de la population et de ressources à la sécurité publique pour étouffer toute velléité subversive et à la dé­fense interne du territoire de la colonie.

C’est pourquoi, ces camps militaires étaient im­plantés autour de grandes ag­glomérations urbaines. Au lendemain de l’accession à l’in­dépendance, la poussée dé­mographique due principale­ment à l’exode rural consécu­tif à la dégradation des condi­tions sécuritaires et matériel­les dans les milieux ruraux conduit à la création de nou­veaux quartiers dans les villes qui vont déferler autour des casernes militaires.

L’unifica­tion des forces, après la fin des sécessions et rebellions, amène le gouvernement à pro­céder à une réorganisation de la défense du territoire à tra­vers.

La création des régions militaires sans, toutefois, que l’opération soit précédée ni suivie d’une volonté d’érection d’un habitat appropriée pour les militaires, capable de répondre aux exigences et au contexte géostratégique de l’époque.

Le développement des structures de forces armées sous la Deuxième République et la croissance des effectifs n’ont pas été accompagnés d’un hébergement des hommes.

En effet, plutôt que d’adopter et de concevoir une politique appropriée de construction des camps, le gouvernement a ajouté quelques quar­tiers à côté des infrastructu­res héritées de la colonisation, en même temps qu’il opérait des réquisitions des maisons et signait des baux à loyers en faveur de ses militaires. Op­tion qui s’avérera insuffisante parce qu’elle ne permet pas de résorber la pression démogra­phique dans les camps existants.

A ce jour, avec la réunification de toutes les for­ces, après accord de paix de Sun City et celui de Goma, les besoins en habitat des élé­ments armés se posent avec acuité. Ainsi, l’on assiste à une disproportion entre les effec­tifs militaires et les unités de logement, à la promiscuité de diverses catégories due à une cohabitation forcée, à l’insalu­brité et à la résurgence des maladies contagieuses.

L’impaiement de loyers aux bailleurs affecte le moral des hommes en uniforme, mais également fragilise le commandement et discrédite l’armée. Le tableau sombre que nous venons de peindre du casernement des militaires montre à suffisance que la pro­blématique de l’habitat de cette catégorie de citoyens mérite que le gouvernement y ac­corde une attention particulière dans le cadre des program­mes de la réforme des forces de sécurité.

Il convient d’y ap­porter des solutions qui tien­nent notamment compte des effectifs et correspondent aux objectifs actuels de défense nationale.

La dispersion des militai­res hors des casernements, le surpeuplement des camps, leur localisation à l’intérieur des agglomérations urbaines, à forte proportion des civils dans ces camps sont autant de facteurs qui favorisent la di­vagation des militaires, met­tant ainsi le commandement dans l’impossibilité d’exercer un encadrement efficace des hommes.

Source: Uhuru (04/03/2010)

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