La base, dont l'accès a été bloqué, est un point névralgique dans le dispositif militaire malgache. Plusieurs centaines de soldats y sont installés et d'importants stocks d'armes y sont entreposés.
Lundi matin, une éventuelle contagion de la révolte dans d'autres casernes militaires demeurait incertaine. Cette mutinerie est survenue alors que le pouvoir en place s'efforce depuis le 3 mars de faire cesser les manifestations de l'opposition.
Le maire destitué d'Antananarivo, Andry Rajoelina, conteste depuis trois mois le pouvoir du président Ravalomanana dans un des pays les plus pauvres de la planète. Porté par une frange excédée de la population, il reproche au chef de l'Etat son autoritarisme et son penchant à confondre l'intérêt général avec ses intérêts personnels.
Agé de 34 ans, il était parvenu à réunir régulièrement plusieurs milliers de personnes sur la place du 13-Mai, au cœur d'Antananarivo. Mais, depuis mercredi, les forces de l'ordre en empêchent l'accès aux manifestants. Des échauffourées ont régulièrement éclaté, les gaz lacrymogènes répondant aux jets de pierre. Deux personnes ont été tuées par balles, alourdissant ainsi le bilan d'un conflit qui a déjà fait plus d'une centaine de morts.
Les bureaux de la télévision Viva d'Andry Rajoelina auraient également été saccagés, samedi, par des forces de sécurité. Surnommé "TGV" en raison de sa rapide ascension politique, l'opposant a annoncé, ce même jour, qu'il entrait en clandestinité et assuré qu'il était caché en lieu sûr. Deux jours plus tôt, l'opposant, protégé en permanence par plus d'une centaine de gardes, aurait échappé à une tentative d'arrestation.
Malgré les appels de la communauté internationale et des églises locales, les discussions sont au point mort entre les deux parties qui campent sur leurs positions. M. Rajoelina, qui s'est autoproclamé président d'une "Haute autorité de transition", exige le départ de Marc Ravalomanana. Elu en 2002, puis réélu en 2006, celui-ci fait valoir sa légalité. Face à l'impasse du dialogue, M. Rajoelina a proposé, samedi, un élargissement de la table des discussions à d'autres personnalités malgaches.
Sur le terrain, le postulant au pouvoir compte sur la province pour redonner du souffle à son mouvement. Des manifestations ont eu lieu ces derniers jours dans quelques capitales régionales. Mais c'est bien l'attitude de l'armée qui pourrait décider de l'avenir du conflit. Jusqu'à présent, les généraux ont fait vœu de neutralité, malgré une méfiance grandissante à l'égard du chef de l'Etat. Les sans-grade pourraient prendre une décision à leur place.
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