Monday, March 9, 2009

Madagascar: Capsat Soanierana - Des militaires en mutinerie

Des soldats du Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques de Soanierana sont entrés en mutinerie hier. Ils ont déclaré ne plus répondre aux ordres de leurs supérieurs.
Coup de théâtre au Capsat (Corps d'administration des personnels et services de l'armée de terre), à Soanierana. Des militaires stationnés dans le camp qui abrite un magasin d'armes, refusent d'obéir aux ordres de leurs supérieurs et prennent possession des bâtiments et de leurs équipements.

« A partir de maintenant, nous n'exécutons plus les ordres de nos supérieurs », a déclaré un soldat, en alerte, hier. Il fait partie des militaires en ordre de bataille qui forment le premier cordon de la défense du Capsat, aux alentours du carrefour de l'artère d'Ankadimbahoaka, sur la route nationale (RN7). Les hommes en treillis, acclamés par une foule enthousiaste venue les soutenir, sont équipés de kalachnikov, de pistolets, voire de lance-roquette.

Le geste des militaires fait suite à un incident qui s'est produit le matin. Les éléments du camp ont refusé de former les rangs pour renforcer l'Etat-major mixte opérationnel (Emmo/nat). Malgré la présence du général Edmond Rasolomahandry, Chef d'Etat-major général de l'armée (Cemgam) et de ses collaborateurs, venus les dissuader, ils n'ont plus voulu changer d'avis.

Quelques heures plus tard, des sous-officiers et des officiers, pour la plupart en tenue civile, ont répondu à l'appel radio-diffusée les invitant à rejoindre Andohalo. « Maintenant, il n'y a plus de déclaration mais de l'action », a confié un officier avant de quitter les lieux avec ses frères d'arme, à bord de plusieurs voitures, civiles et militaires, pour rejoindre Soanierana.

Les mutins ont évoqué les frustrations qui les ont conduits à leur décision.

« Nous sommes accusés d'assassiner nos compatriotes. Maintenant, nous allons prouver que nous sommes issus de la population et nous sommes là pour la protéger », a expliqué un militaire, faisant allusion à la mission de dispersion des manifestants sur la Place du 13 mai.

Défense du camp

Un autre sous-officier a fourni de plus amples explications. « Certains éléments de l'Emmo/nat ne sont pas des vrais soldats. Ce sont eux qui font la répression, pas nous. Nous refusons de cautionner de telles pratiques », a-t-il soutenu.

Les militaires semblent avoir franchi le point de non retour. « Faites savoir que moi, petit commandant, ne veux pas rencontrer le Président », a lancé au téléphone un officier à un interlocuteur qui, apparemment, lui transmettait un message.

Pour l'instant, plusieurs points restent flous autour de la mutinerie au Capsat. « Nous sommes là pour la défense du camp. Des bruits courent que des éléments de la Garde présidentielle (GP) vont nous attaquer », a indiqué un adjudant. Il reste évasif quant aux éventuelles connexions du mouvement avec d'autres camps, tout en confiant la tenue d'une réunion des sous-officiers dans la capitale récemment. « Des éléments d'autres camps nous ont déjà rejoints », a-t-il ajouté.

Un colonel en tenue civile a expliqué la raison de l'absence d'explication sur les tenants et aboutissants de la démarche. « Pour l'instant, nous ne pouvons pas faire de déclaration, car la situation évolue très vite. On ne sait pas ce qui va se passer ce jour (hier soir) », a-t-il lancé. Mais il a laissé entendre que « le mouvement ne va pas durer longtemps. Nous donnons 48 heures pour tout régler », a-t-il confié, sans pour autant préciser la mission et son principal objectif.


Source: L'Express de Madagascar

No comments: