Thursday, December 4, 2008

RDC: La question de l’amélioration des conditions sociales des militaires congolais

Les échos en provenance du front à l’Est de la RDC corroborent le fait que l’armée congolaise est dans une situation très difficile. Outre une mauvaise gestion de fonds par sa hiérarchie, la corruption y est endémique. Sur le front, les fonds destinés au ravitaillement se volatilisent souvent avant d’arriver jusqu’à la troupe, poussant immanquablement les soldats à la rapine ou aux pillages.

Ce cliché macabre est malheureusement la réalité dans plusieurs coins et recoins de la RDC. Il est donc temps de changer de fusil d’épaule et de mettre les hommes et femmes de troupe dans des conditions ne fût-ce que minimales afin qu’ils puissent assumer leur mission.

La solde est un élément majeur de la condition du militaire. D’une certaine manière, elle reflète le prix qu’une nation accorde, en fonction de ses moyens, à ceux qui veulent la servir si besoin jusqu’au sacrifice du sang. Cependant, la situation des forces armées de la RDC n’est pas vraiment enviable et doit nous interpeller tous. En effet, déjà du temps de Mobutu, le ton fût donné par feu le général Mahele, le 29 mai 1992 qui, du haut de la tribune de la Conférence Nationale Souveraine, s’exclama en ces termes : « Vous venez de vous rendre compte de l’ensemble des conditions difficiles dans lesquelles évoluent le soldat congolais et sa famille. Ce constat est sombre à la suite de l’indifférence des pouvoirs publics vis-à-vis de l’armée. À ce sujet, des milliers d’hommes et de femmes, et surtout d’enfants, vous regardent fixement et vous interpellent pour savoir pourquoi et au nom de quoi le soldat congolais, depuis la Force publique, est privé d’avenir ? Serait-il irrémédiablement condamné à vivre ainsi, à s’éteindre ainsi en éternel quémandeur ? »

À l’époque de Laurent-Désiré Kabila, nous avons assisté à un engouement effréné des jeunes pour l’armée car la solde était de 100 USD, ce qui représentait une fortune dans les années 1997 et 1998. Des étudiants finalistes n’avaient pas hésité un seul instant de troquer leurs syllabus avec le fusil en rejoignant le rangs de l’armée pour combattre l’ennemi. Au fil du temps, cette « fortune » s’est malheureusement effritée. De nos nos jours, rares sont ceux qui touchent ne serait-ce que son équivalent - qui, dans l’entre-temps, a perdu de sa valeur-.

Aujourd’hui, les militaires congolais ne disposent pas d’une véritable solde. Ils ne reçoivent qu’une « ration » dont le montant est fixé par un taux barémique provisoire. Ce taux bien que réévalué en janvier 2006, reste relativement faible. Un soldat touche l’équivalent de 25 USD par mois, un adjudant-chef 34 USD, quant au colonel, il reçoit l’équivalent de 50 USD. Les soldats des brigades « intégrées » touchent généralement leur solde mensuelle - 65 dollars - grâce au contrôle exercé par l’EUSEC. Notons qu’outre la modicité de paiement mensuel des militaires, se pose le problème de sa régularité. Enfin, s’agissant de l’alimentation, les unités reçoivent mensuellement un fonds de ménage calculé sur la base de l’équivalent de 8 USD par homme et par mois, ce qui permet tout juste de fournir un repas quotidien pendant 10 à 15 jours.

Tout compte fait, l’on peut comprendre pourquoi le nombre d’exactions commises par les hommes en armes sur la population civile croît. Bien qu’il faille condamner ces actes et agissements, il est cependant nécessaire et urgent de mettre les hommes et femmes en armes à l’abri de sollicitudes. Cela est d’autant vrai car, tout soldat sait qu’il peut mourir au combat. Chose curieuse, son contrat avec la nation stipule qu’il défend le pays et que réciproquement le pays lui donne les moyens de se défendre. Ce qui semble ne pas être le cas en RDC et d’aucuns de se demander pourquoi mourir pour un pays qui ne semble pas se soucier de vous? Telle semble être la question à laquelle répondent les soldats congolais qui refusent de combattre ou qui désertent. Ils sont en un mot « démotivés ». Que faire?

Source: Afrique Echos Magazine

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