La "grande muette" parle et dévoile son fonctionnement aux hommes de médias.
Dans le cadre des "Journées de l'approfondissement des connaissances des journalistes sur le ministère de la Défense", des professionnels de la presse ont suivi des conférences, hier 23 octobre 2008, avant la visite d'entités militaires prévue ce 24 octobre. "Depuis maintenant de nombreuses années, l'institution militaire est touchée par l'évolution des mentalités et la révolution médiatique de la société à travers les nouveaux supports technologiques", a souligné le chef d'Etat-major général des armées, le général Ali Traoré.
Dans le même temps, a-t-il poursuivi, "la défense de la République et les exigences du régime démocratique, imposent aux Forces armées nationales à l'instar des autres institutions, d'informer le peuple, détenteur légitime de la souveraineté nationale, de leurs activités et programmes". Le dilemme auquel les FAN sont confrontées est de savoir si tout doit être dit pour satisfaire les besoins d'information ou s'il faut limiter la communication en raison des impératifs de la défense nationale. Il y a encore quelque temps, l'armée aurait choisi la règle du silence, qui lui a d'ailleurs conféré la qualification de "grande muette". Cette attitude de l'institution militaire, remonte, a dit le général Ali Traoré, à un lointain passé que l'on retrouve dans tous les traités de polémologie évoquant les principes stratégiques des guerres classiques. "Le mutisme était conseillé afin qu'en acquérant le maximum de connaissances sur les projets de l'ennemi grâce au renseignement, l'on entoure ses propres plans de secret pour le surprendre et le vaincre", a relevé le chef d'Etat-major général. La communication a donc toujours revêtu une importance capitale pour les militaires et son maniement peut donner un avantage ou conduire au désastre. "En sa qualité de 4e pouvoir, la communication est une arme qui doit être utilisée avec professionnalisme au service républicain de notre institution", a soutenu le général Traoré. La communication des armées est un phénomène complexe et important.
Des débats sans tabou
De nos jours, la donne communicationnelle est intégrée dans toutes les activités militaires et l'armée a besoin des médias comme partenaires. "Il ne pouvait en être autrement dans une société moderne. En effet, l'Etat et ses démembrements communiquent avec leurs audiences par le biais de la presse, devenue le principal moyen d'information de l'opinion publique", a-t-il reconnu. Les médias ont un rôle crucial car dans le cas de l'armée, les citoyens n'ont pas de rapport direct avec l'institution militaire. Ils prennent connaissance de ses programmes et opérations par l'intermédiaire des médias. La journée-conférences a permis aux journalistes de découvrir les missions et le fonctionnement des armées et services tels que le Groupement central des armées (GCA), la Direction centrale de l'intendance militaire, la Direction centrale de l'action sociale des armées. Une communication leur a également été livrée sur le recrutement dans les FAN, notamment le cas de la levée du contingent 2008. Les hommes des médias qui n'ont pas toujours en face d'eux la hiérarchie militaire burkinabè ont largement assouvi leur soif de connaissances. Ainsi par exemple, sur les "troubles" des 20 et 21 décembre 2006, le colonel-major Kodjo Lougué, commandant le Groupement central des armées, a soutenu que toutes les armes sorties frauduleusement, ce jour, sont finalement rentrées. L'intendant militaire de 1er classe, Koudougou Antoine Zongo, pour sa part, a souligné entre autres, que l'Armée n'est pas plus "budgétivore" que certains services de l'Etat. De plus, "lorsqu'il y a le calme", on ne pense pas toujours à l'importance particulière des forces armées. Par ailleurs, l'armée contribue au budget de l'Etat à travers les recettes versées par des services de l'Armée de l'air, du génie militaire, de la santé et de la gendarmerie. Le directeur de la communication et de la presse ministérielle du ministère de la Défense, le lieutenant-colonel Moussa Cissé, a déclaré aux professionnels de la presse que les Forces armées nationales sont "ouvertes aux journalistes" et prêtes à les informer en tout temps.
Source: Sidwaya
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