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Thursday, February 18, 2010

Côte d'Ivoire: A Bouaké, les "Com-zones" règnent en seigneurs sur le nord de la Côte d'Ivoire

Le drapeau ivoirien flotte de nouveau sur la préfecture de Bouaké, la "capitale" rebelle située à 350 km au nord d'Abidjan. Dans la chaleur étouffante de ce début février, l'atmosphère est plombée et le bâtiment plongé dans la léthargie. "L'important c'est le symbole, de montrer que l'Etat est de retour", reconnaît Traoré Vassiriki, secrétaire général de cette préfecture fantomatique. Car trois ans après sa signature, l'accord politique de Ouagadougou (APO) qui devait réunifier la Côte d'Ivoire, coupée en deux par la rébellion née au nord en 2002, n'y est pas parvenu. D'Abidjan, le président Laurent Gbagbo ne contrôle que le sud. Au nord, les ex-rebelles des Forces nouvelles (FN) sont enracinés. Ce bicéphalisme persistant a provoqué le report - à cinq reprises déjà - de la présidentielle. Et plus personne ne croit à la tenue du scrutin en mars.

Officiellement, la "zone de confiance" qui séparait physiquement le nord et le sud a pourtant été démantelée. L'ex-chef de la rébellion, Guillaume Soro, a été nommé en 2007 premier ministre par son ancien adversaire Laurent Gbagbo. Mais dans sa préfecture de Bouaké, comme partout au nord, Traoré Vassiriki doit se contenter de "symboles". Le pouvoir réel se trouve à trois cents mètres de son parking désert, à l'Infas, un ancien centre de formation des professions de santé devenu le siège des Forces nouvelles. Allers, venues, agitation, ballet de puissants véhicules tout-terrain... Ici, on travaille.

En ce dimanche 31 janvier, les dix "Com-zones" du pays - sanglés dans leurs uniformes camouflés et repassés, coiffés d'un béret rouge, bleu, vert ou noir simulant une vraie armée - y sont réunis en conclave. Ces commandants des Forces armées des forces nouvelles (FAFN) qui menèrent la rébellion en 2002 contre le pouvoir central d'Abidjan sont avec leurs milices les véritables maîtres du terrain. Toute la partie centre nord-ouest (CNO) de Côte d'Ivoire (60 % du pays, 30 % des Ivoiriens) est sous la coupe de Cherif Ousmane dit "guépard", Ouattara Zoumana, alias Wattao et autres seigneurs de guerre. Sous-officiers bodybuildés au début de la rébellion, les dix "Com-zones" règnent aujourd'hui en maîtres, qui ne se lassent pas de piller leurs domaines. "Ils contrôlent les précieuses ressources naturelles et le commerce", dénonce le dernier rapport d'évaluation de l'ONU, remis en décembre 2009 au Conseil de sécurité.

Les experts y décrivaient notamment "une économie de type féodal" tenue par les "Com-zones". Sécurité, circulation des marchandises, coton, cacao, diamant, essence et armement, rien ne leur échappe. Pas une taxe ne rentre dans les caisses d'Abidjan. Tout comme les paris de la Loterie nouvelle de Côte d'Ivoire (Lonci), version nordiste de la Lonaci abidjanaise. "L'argent va au Burkina Faso, au Mali ou dans des paradis fiscaux", explique un haut responsable de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci).

Il n'y a guère que le slogan écrit sur les murs du lycée de jeunes filles fraîchement repeint et rouvert grâce à l'aide internationale pour proclamer "la Côte d'Ivoire, unie à jamais". "Et non ! Nous avons braqué le nord et nous ne le lâcherons pas", rectifie en souriant un cadre des FN. "Les élections, la réunification, le désarmement, tout cela c'est du cirque. Les affaires sont trop bonnes", ajoute-t-il.

Ce trentenaire gère l'un des corridors partant de Bouaké où passent plus de 500 camions par semaine. "Cumulés, les péages aux différents barrages des FN me coûtent jusqu'à 100 000 francs CFA (environ 170 euros) par semi-remorque", calcule un industriel. "Le coût de la tonne transportée est l'un des plus élevés au monde", confirme Jean-Louis Billon, puissant homme d'affaires ivoirien.

A quelques carrefours de la ville, des policiers des Forces nouvelles règlent tout aussi vainement qu'à Abidjan une circulation chaotique. Et rackettent les conducteurs pour moins cher que dans la capitale économique rongée par la corruption. Cherif Ousmane - et non les casques bleus pakistanais de l'Onuci déployés dans la ville - a aussi remis de l'ordre dans ses troupes de volontaires qui ne gagnaient leur vie qu'en terrorisant la ville. Mais on ne peut pas parler d'administration. Les fonctionnaires qui avaient fui les combats ne sont d'ailleurs revenus qu'au compte-gouttes.

Et surtout, le désarmement des milices - 6 000 hommes, selon les Forces nouvelles -, leur casernement ou leur intégration dans le Centre de commandement qui associe l'état-major loyaliste et celui des ex-rebelles sont illusoires. "Nous attendons l'argent d'Abidjan pour rénover les quatre casernes", se justifie le "Com-zone" Wattao. "Nous désarmons mais, en fait, nous avons encore nos armes", ajoute-il, elliptique, le regard dissimulé derrière ses larges lunettes de soleil. Le rapport des experts de l'ONU dénonce, quant à lui, le réarmement des ex-rebelles (et aussi des forces loyalistes) au mépris de l'embargo international.

Certes, à Bouaké, les habitants ordinaires ne regrettent pas de vivre dans une zone franche où l'eau et l'électricité sont gratuites. "A Abidjan, c'est le désordre, mais à Bouaké c'est le non-droit et l'arbitraire", résume un militant des droits de l'homme. Le temps de l'union sacrée est d'ailleurs révolu. "C'est de plus en plus dur pour tous les Ivoiriens (49 % vivent avec moins d'un dollar par jour). Mais moi, je vis ici, et je vois les "Com-zones" pleins aux as. Et nous, nous ne voyons pas la couleur de l'argent", se lamente Fanta.

Inscrite dans un programme de réinsertion des anciens combattants financé par la coopération allemande, la GTZ, cette ex-rebelle à la carrure de catcheuse est déçue. "J'ai fait le coup de feu pour un idéal, confie-t-elle. Je suis allée à la baston". "Mais cet idéal a disparu depuis longtemps", regrette-t-elle, une casquette kaki vissée sur sa tête, relique de cette époque.

"On voulait chasser le régime corrompu de Laurent Gbagbo (président en fonction depuis 2000), oublier le tribalisme en donnant aussi une chance aux gens du nord marginalisés. Pour ça on a arrêté l'école, on a rejoint les "Com-zones". Maintenant, on galère, alors qu'ils nous avaient promis une vie meilleure", lâche-t-elle. "Aucune des parties n'a intérêt à reprendre les affrontements", juge un responsable de l'Onuci. Mais pour Fanta, malgré son amertume, "si ça chauffe à nouveau, j'y retourne".

Par Christophe Châtelot

Source: Le Monde (11/02/2010)

Wednesday, August 26, 2009

Côte d'Ivoire: les premières unités loyalistes/ex-rebelles installées

Les premières unités mixtes loyalistes/ex-rebelles chargées de sécuriser l`élection présidentielle prévue le 29 novembre en Côte d`Ivoire ont été installées officiellement mardi à Bouaké (centre), a constaté un correspondant de l`AFP.

Le ministre de la Défense, Michel Amani N`Guessan, a procédé à l`installation d`une brigade de gendarmerie et d`un commissariat de police, qui doivent accueillir à parité des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS, loyalistes) et des Forces armées des Forces nouvelles (FAFN, ex-rébellion).

"Cet événement marque le début du redéploiement des 8.000 éléments sur l`ensemble du territoire national", a-t-il affirmé lors d`une cérémonie à Bouaké, fief des anciens rebelles qui contrôlent le nord depuis leur coup d`Etat manqué de 2002.

"Vous êtes sans distinction des policiers de Côte d Ivoire et des gendarmes de Côte d Ivoire", a lancé le ministre à la centaine d`éléments présents, alors que les FN réclament un "statut" pour leurs hommes.

M. Amani N`Guessan n`a pas précisé les effectifs de la brigade et du commissariat.

Lancé officiellement début mai, le déploiement prévu de 8.000 hommes sous la responsabilité du Centre de commandement intégré (CCI) - état-major mixte loyaliste et FN - s`était jusqu`à ce jour limité à l`affectation de quelque 400 éléments FDS à Bouaké et 100 FAFN à Abidjan, sans mission opérationnelle.

Ce déploiement, qui s`est heurté selon les autorités à des problèmes de financement, doit évoluer "progressivement" jusqu`à l`échéance du 29 novembre, avait indiqué le ministre à l`AFP la semaine dernière.

Chargés de sécuriser la présidentielle, les hommes du CCI, placés sous l`autorité des préfets, doivent également permettre à ces derniers en zone nord de retrouver les responsabilités sécuritaires détenues depuis 2002 par les "commandants de zones" FN.

Source: AFP (20/08/2009)

Wednesday, August 19, 2009

Nigeria: l'armée met en péril la trêve dans le delta du Niger

Le principal groupe armé du sud pétrolifère du Nigeria, le Mend, a indiqué mardi que le cessez-le feu qu'il a décrété en juillet était menacé suite à l'exécution d'un civil par l'armée, qui a démenti.

"De tels actes irresponsables de la part de l'armée, même s'ils sont dirigés contre des civils, ne sont pas acceptables et peuvent mettre en péril le cessez-le-feu actuel s'ils se répètent", a annoncé le Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger dans un courriel aux médias intitulé "Menace du cessez-le-feu".

Selon le Mend, la force conjointe police-armée (JTF) qui opère dans le delta du Niger (sud) a "exécuté un homme qui n'était pas armé et jeté son corps dans la rivière". Les faits se seraient produits lundi matin dans les environs du gouvernement local d'Asari Toru, dans l'Etat de Rivers.

En représailles, des jeunes de la région ont attaqué l'unité de la JTF en cause et ont tué un soldat, selon le Mend qui a indiqué "soutenir les communautés qui agissent pour se défendre et qui se vengent des exécutions sommaires perpétrées pas l'armée".

Interrogé par l'AFP, le porte-parole de la JTF, le commandant Rabe Abubakar, a cependant nié avoir tué un civil lundi matin.

"Aucun incident de la sorte ne s'est produit à ma connaissance (...) La JTF ne peut aller à l'encontre du programme d'anmistie", a-t-il déclaré.

Après l'annonce par le président nigérian Umaru Yar'Adua d'une offre d'amnistie aux militants déposant les armes et la remise en liberté du dirigeant du Mend Henry Okah, le groupe a décrété un cessez-le-feu de 60 jours, entré en vigueur le 15 juillet.

Le Mend, tout comme d'autres groupes armés dans le delta, a multiplié depuis 2006 les attaques contre les autorités et le secteur pétrolier au nom d'une répartition plus juste de la manne pétrolière. Ces violences ont fait nettement chuter la production de brut du pays.

Source: AFP (18/08/2009).