Germain Monzili, général jouissant d’une longue expérience sur le métier des armées après une solide formation aux USA dans les années 1970 sait de quoi il parle quand il dit que la RDC est capable de former une armée dissuasive en trois ans, ce pour parer aux problèmes que pose la défense et la sécurité de son immense territoire.
La priorité pour ce pays, en cette période, devrait être sa sécurité. Tous ceux qui aiment ce pays conseillent de mettre rapidement sur pied une Armée forte, dissuasive, républicaine, organisée et disciplinée. Certains pays amis se sont sacrifiés pour former, à leurs frais, une bonne partie de nos troupes.
Les troupes formées par la Belgique et la Monuc sont, souvent, laissées entre les mains de responsables non formés. Comme conséquence : un mauvais rendement et un comportement indigne. Ce que confirme l’adage militaire selon lequel « il n’y a pas de mauvaises troupes, mais de mauvais chefs ». Alors, la RDC ne devrait pas se contenter des séminaires ou des stages militaires que les partenaires l’obligent à accepter, faute par Kinshasa de présenter ses besoins en formation.
Je parle en officier formé, accumulant une longue expérience du terrain. Je suis l’un de ceux qui connaissent la vie du soldat, dès son réveil jusqu’au coucher, pour avoir commandé ou travaillé à tous les échelons des Forces armées nationales.
La RDC peut, sans démagogie, former une armée solide, disciplinée, dissuasive et crainte en plus ou moins trois ans. Que devrait-elle faire ? Tout simplement se mettre au travail, car elle a des sites de formation, de reconditionnement et d’implantation des unités. Il suffit de les réaménager. Que faire ? Il faut, toutes affaires cessantes, - prendre contact avec les partenaires avec un programme bien élaboré pour les convaincre de notre détermination ; - accepter que la gestion des fonds destinés à la formation soit sous leur responsabilité ; - insister pour que les formateurs étrangers soient qualifiés pour transmettre leurs connaissances aux Congolais ; - utiliser les officiers congolais formés comme formateurs, en mettant de côté les suspicions injustifiées.
Quelles écoles ouvrir ? La République devrait mettre sur pied le Groupement des écoles supérieures militaires pouvant superviser le Centre supérieur militaire, l’Ecole de formation d’officiers, l’Ecole de commandants de bataillons, l’Ecole de commandants de compagnies. Le Centre supérieur militaire sera chargé de la formation des Officiers supérieurs qui n’ont pas eu la chance de suivre les cours d’Etat Major ou de Commandant de grandes unités. La durée de la formation sera de 18 mois.
L’Ecole de formation d’Officiers va, dans un premier temps, accepter les Sous-officiers qui ont des aptitudes et sont capables de devenir Officiers. Après 18 mois de formation, ils sortent chefs de peloton. L’Ecole de commandants de bataillons devra recycler tous les Officiers supérieurs commandant les Bataillions, ceux qui n’ont pas eu la chance de passer par une formation militaire adéquate. Après six mois de formation, un brevet leur sera délivré.
L’Ecole de commandants de compagnies recyclera les Officiers subalternes commandants de compagnies non préparés à cette tâche. Six mois de formation conduiront à l’obtention d’un brevet. Grâce à cette formation de base, le pays aura des Officiers capables de commander, d’encadrer et de former les troupes, car, dans 1’Armée, la formation est continuelle. Elle se poursuit dans les unités. Nous aurons des Officiers sachant lire une carte militaire et surtout l’orienter. Que faire pour réaliser nos ambitions ? Disons que les moyens locaux peuvent manquer, mais nous devons recourir à la diplomatie. Alors, que le gouvernement apprête ses dossiers pour aller négocier avec ses partenaires habituels. Lesquels ?
Dans le lot, il y a la Belgique : pour tout ce qui est infanterie de base. Du fait des liens particuliers, très anciens, entre Bruxelles et Kinshasa, le Royaume peut prendre le Groupement des Ecoles supérieures militaires. La France pourrait s’occuper des troupes aéroportées : elle aussi a la francophonie comme cordon ombilical avec la RDC. On pourrait intéresser la Chine à nos commandos. Compte tenu de bonnes relations qui existent, Kinshasa peut facilement obtenir 1’accord de Pékin. Les USA seraient impliqués dans tout ce qui touche à la logistique (formation des gestionnaires et montage de la base logistique). Le Congrès américain n’hésiterait pas à donner son feu vert.
Doit-on parler de la réforme de l’armée ? Pas pour le moment. Car, pour moi, la RDC n’a pas encore une Armée républicaine. Elle a plutôt un regroupement de plusieurs milices privées que les acteurs politiques ont acceptées dans le cadre de la réconciliation nationale. Je crois qu’il serait plus honnête de parler de la mise sur pied d’une Armée plutôt que de la réforme. La réforme serait alors une adaptation de notre Armée aux conditions que la situation ou 1’environnement exigera. Elle doit être permanente comme partout ailleurs. Une bonne reforme ne se fait pas derrière un bureau. Elle exige une étude approfondie et une bonne reconnaissance de terrain. L’efficacité et la qualité doivent être notre premier souci et non la quantité.
Pourquoi réinstaurer les Corps (logistique, transmission, génie, médical) ? A quoi vont-ils servir ? Nous les avions expérimentés pendant la deuxième République, sans grand résultat. Veut-on encore uniquement gonfler le nombre des généraux ? Ne sont-ils pas déjà assez nombreux ? Créons simplement une Base logistique qui superviserait toutes ces unités spécialisées. Evitons d’élaborer des lois sur mesure.
Position du secrétariat permanent du Conseil supérieur de la Défense. Sa place n’est pas à la présidence de la République. Pourquoi chercher à faire du chef de 1’Etat un dictateur en voulant concentrer tous les pouvoirs à son niveau et violer la Constitution ? A mon avis, le secrétariat permanent du CSD doit rester au secrétariat général du ministère de la Défense nationale, car c’est l’échelon qui s’occupe de 1’administration de la Défense nationale. Et c’est pour sauvegarder 1’apolitisme de 1’administration. Vouloir faire du chef de la maison militaire du chef de 1’Etat secrétaire permanent du CSD n’est pas indiqué.
Voilà notre modeste contribution à l’édification d’une armée nationale dissuasive. Nous la proposons aux gouvernants parce que nous avons conscience que nous devons au peuple congolais, qui a supporté notre formation et fait de nous ce que nous sommes devenu.
Source: Le Potentiel (14/11/2009)
La priorité pour ce pays, en cette période, devrait être sa sécurité. Tous ceux qui aiment ce pays conseillent de mettre rapidement sur pied une Armée forte, dissuasive, républicaine, organisée et disciplinée. Certains pays amis se sont sacrifiés pour former, à leurs frais, une bonne partie de nos troupes.
Les troupes formées par la Belgique et la Monuc sont, souvent, laissées entre les mains de responsables non formés. Comme conséquence : un mauvais rendement et un comportement indigne. Ce que confirme l’adage militaire selon lequel « il n’y a pas de mauvaises troupes, mais de mauvais chefs ». Alors, la RDC ne devrait pas se contenter des séminaires ou des stages militaires que les partenaires l’obligent à accepter, faute par Kinshasa de présenter ses besoins en formation.
Je parle en officier formé, accumulant une longue expérience du terrain. Je suis l’un de ceux qui connaissent la vie du soldat, dès son réveil jusqu’au coucher, pour avoir commandé ou travaillé à tous les échelons des Forces armées nationales.
La RDC peut, sans démagogie, former une armée solide, disciplinée, dissuasive et crainte en plus ou moins trois ans. Que devrait-elle faire ? Tout simplement se mettre au travail, car elle a des sites de formation, de reconditionnement et d’implantation des unités. Il suffit de les réaménager. Que faire ? Il faut, toutes affaires cessantes, - prendre contact avec les partenaires avec un programme bien élaboré pour les convaincre de notre détermination ; - accepter que la gestion des fonds destinés à la formation soit sous leur responsabilité ; - insister pour que les formateurs étrangers soient qualifiés pour transmettre leurs connaissances aux Congolais ; - utiliser les officiers congolais formés comme formateurs, en mettant de côté les suspicions injustifiées.
Quelles écoles ouvrir ? La République devrait mettre sur pied le Groupement des écoles supérieures militaires pouvant superviser le Centre supérieur militaire, l’Ecole de formation d’officiers, l’Ecole de commandants de bataillons, l’Ecole de commandants de compagnies. Le Centre supérieur militaire sera chargé de la formation des Officiers supérieurs qui n’ont pas eu la chance de suivre les cours d’Etat Major ou de Commandant de grandes unités. La durée de la formation sera de 18 mois.
L’Ecole de formation d’Officiers va, dans un premier temps, accepter les Sous-officiers qui ont des aptitudes et sont capables de devenir Officiers. Après 18 mois de formation, ils sortent chefs de peloton. L’Ecole de commandants de bataillons devra recycler tous les Officiers supérieurs commandant les Bataillions, ceux qui n’ont pas eu la chance de passer par une formation militaire adéquate. Après six mois de formation, un brevet leur sera délivré.
L’Ecole de commandants de compagnies recyclera les Officiers subalternes commandants de compagnies non préparés à cette tâche. Six mois de formation conduiront à l’obtention d’un brevet. Grâce à cette formation de base, le pays aura des Officiers capables de commander, d’encadrer et de former les troupes, car, dans 1’Armée, la formation est continuelle. Elle se poursuit dans les unités. Nous aurons des Officiers sachant lire une carte militaire et surtout l’orienter. Que faire pour réaliser nos ambitions ? Disons que les moyens locaux peuvent manquer, mais nous devons recourir à la diplomatie. Alors, que le gouvernement apprête ses dossiers pour aller négocier avec ses partenaires habituels. Lesquels ?
Dans le lot, il y a la Belgique : pour tout ce qui est infanterie de base. Du fait des liens particuliers, très anciens, entre Bruxelles et Kinshasa, le Royaume peut prendre le Groupement des Ecoles supérieures militaires. La France pourrait s’occuper des troupes aéroportées : elle aussi a la francophonie comme cordon ombilical avec la RDC. On pourrait intéresser la Chine à nos commandos. Compte tenu de bonnes relations qui existent, Kinshasa peut facilement obtenir 1’accord de Pékin. Les USA seraient impliqués dans tout ce qui touche à la logistique (formation des gestionnaires et montage de la base logistique). Le Congrès américain n’hésiterait pas à donner son feu vert.
Doit-on parler de la réforme de l’armée ? Pas pour le moment. Car, pour moi, la RDC n’a pas encore une Armée républicaine. Elle a plutôt un regroupement de plusieurs milices privées que les acteurs politiques ont acceptées dans le cadre de la réconciliation nationale. Je crois qu’il serait plus honnête de parler de la mise sur pied d’une Armée plutôt que de la réforme. La réforme serait alors une adaptation de notre Armée aux conditions que la situation ou 1’environnement exigera. Elle doit être permanente comme partout ailleurs. Une bonne reforme ne se fait pas derrière un bureau. Elle exige une étude approfondie et une bonne reconnaissance de terrain. L’efficacité et la qualité doivent être notre premier souci et non la quantité.
Pourquoi réinstaurer les Corps (logistique, transmission, génie, médical) ? A quoi vont-ils servir ? Nous les avions expérimentés pendant la deuxième République, sans grand résultat. Veut-on encore uniquement gonfler le nombre des généraux ? Ne sont-ils pas déjà assez nombreux ? Créons simplement une Base logistique qui superviserait toutes ces unités spécialisées. Evitons d’élaborer des lois sur mesure.
Position du secrétariat permanent du Conseil supérieur de la Défense. Sa place n’est pas à la présidence de la République. Pourquoi chercher à faire du chef de 1’Etat un dictateur en voulant concentrer tous les pouvoirs à son niveau et violer la Constitution ? A mon avis, le secrétariat permanent du CSD doit rester au secrétariat général du ministère de la Défense nationale, car c’est l’échelon qui s’occupe de 1’administration de la Défense nationale. Et c’est pour sauvegarder 1’apolitisme de 1’administration. Vouloir faire du chef de la maison militaire du chef de 1’Etat secrétaire permanent du CSD n’est pas indiqué.
Voilà notre modeste contribution à l’édification d’une armée nationale dissuasive. Nous la proposons aux gouvernants parce que nous avons conscience que nous devons au peuple congolais, qui a supporté notre formation et fait de nous ce que nous sommes devenu.
Source: Le Potentiel (14/11/2009)
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