Tuesday, February 24, 2009

Madagascar: Sommations des généraux aux protagonistes de la crise politique

Par la voix des plus hauts gradés, la «Grande muette» est sortie de son silence. Elle lance un sérieux avertissement aux deux protagonistes de l'actuelle crise politique.
AccuséeS de passivité et d'indifférence face à la crise actuelle, les forces armées se sont enfin manifestées. Au cours d'une conférence de presse donnée hier à Ampahibe, cinq officiers généraux les plus anciens et les plus hauts gradés ont annoncé leur position face au contexte de crise.

«Si la recherche de solution entre les deux protagonistes échoue, nous prendrons nos responsabilités en tant que dernier rempart de la République et de l'unité nationale», a déclaré le vice-amiral Hyppolite Rarison Ramaroson, porte-parole des cinq généraux qui comprenaient Ranto Rabarison, Fred Rakotovao, Rivo Hanitra Razafindralambo et Claude Ramananarivo.

Le ministre de la Défense, le vice-amiral Mamy Ranaivonarivo assistait à la conférence. Une illustration du respect de la légalité par ces «trois étoiles» qui ont rencontré le président de la République mardi. Une occasion pour eux de dire les quatre vérités au chef suprême des armées.

«Les discussions ont été fermes et honnêtes», confie le vice-amiral Hyppolite Ramaroson pour souligner qu'ils n'étaient pas venus pour faire allégeance au Président. Outre les indélicatesses et les limogeages fréquents et en série au sein des forces armées dont des généraux de la délégation sont victimes, la tuerie du 7 février à Ambohitsorohitra aurait été dénoncée.

Un nouveau carnage scellerait la rupture. L'heure était donc en quelque sorte au rétablissement du vrai rôle de l'armée. «Les forces armées sont parmi celles qui exigent une solution rapide à la situation actuelle. Elles ne sont pas faites pour prendre le pouvoir mais elles sont toujours prêtes à prendre leur responsabilité», indique un communiqué lu par le général Fred Rakotovao, hier.

Les cinq généraux n'ont pas donné de précision sur la forme de prise de responsabilité, ni donné une date butoir aux deux protago-nistes. Ce qui est certain, c'est que les deux camps sont avertis d'une éventuelle intervention de l'armée si la crise perdure.

Laver l'affront
Ce qui ne s'apparenterait pas à un coup d'État militaire si le pays se trouve dans un état de nécessité. D'ailleurs, le schèma s'était déjà produit en 1972 et en 1975 où la communauté n'avait rien à redire. Les contextes ont certes changé avec l'avènement de la démocratie mais si c'est la seule façon de sauver la situation, les bailleurs de fonds seraient-ils contre ?

L'opinion lassée par les désagréments créés par cette crise et les conséquences désastreuses qu'elle cause à l'économie salue déjà cette position de l'armée. «Vivement un pouvoir qui puisse remettre de l'ordre. Peu importe qu'il soit civil ou militaire, l'essentiel c'est que les gens puissent travailler dans la sérénité. Avec cette crise le pays descendra encore plus bas», commente un opérateur.

Cette action permettrait à l’armée de faire d’une pierre deux coups. Elle efface l’attentisme coupable lors de la journée du 26 janvier tout en clouant le bec aux généraux à la retraite qui ont perdu leur devoir de réserve,

Une situation heritée de la crise de 2002 où beaucoup d’officiers avaient rallié le camp «légitime» de Marc Ravalomanana. Ceux qui étaient restés dans la légalité avaient été dégradés. Ces généraux veulent laver l’affront et préviennent toute prise de position en faveur de l’un des deux camps. «Nous, les aînés en activité, prenons la responsabilité de faire une déclaration pour effacer le doute qui plane chez vous, les cadets», soutient le général Fred Rakotovao rapportant le communiqué. Une mise en garde à peine voilée.

Les six « aînés »
Le médecin-général Fred Rakotovao, le plus ancien des plus hauts gradés, a lu le communiqué, dans les locaux du ministère de la Défense nationale, hier. Il était entouré du vice-amiral Hyppolite Rarison Ramaroson, du général Claude Ramananarivo, du général Rivo Hanitra Razafindralambo et du général Ranto Rabarisoa.

Le général Lucien Raharijaona, ancien commandant de la Gendarmerie, a été absent du rendez-vous. «Il a été malade», ont indiqué les autres officiers généraux présents.

Le vice-amiral Mamy Ranaivoniarivo, ministre de la Défense nationale, s’est également aligné aux côtés des quatre officiers généraux. Il a été l’»hôte» de la conférence.


Source: L'Express de Madagascar

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