Que peut réellement Laurent Gbagbo dans la compétition électorale qui s`annonce si l`actuel chef d`Etat ne s`adosse pas sur l`armée de Côte d`Ivoire ? La galaxie patriotique s`est déstructurée et est minée par des problèmes de leadership, le Fpi est devenu une sorte d`armée mexicaine et l`autorité du président Affi N`guessan contestée; le Cnrd ne décolle pas, Issa Malick Coulibaly, le Dnc de Gbagbo a fini par mettre tout le monde d`accord sur son incompétence et son inefficacité sur le terrain; les multiples tentatives pour le tripatouillage de la liste électorale ou le contrôle de la Cei ont échoué, de même que toutes les manœuvres pour se tailler une tunique de vainqueur avant les élections avec la publication des fameux sondages de Tns sofres. Dès lors, que reste-t-il comme alternative à ce candidat qui ne s`imagine, au soir du 31 octobre 2010 en train de regarder les Ivoiriens dans les yeux pour leur dire qu`il a perdu les élections ? C`est un truisme de dire que la "galaxie patriotique" n`est plus ce qu`elle était. Ce collectif de jeunes leaders du camp présidentiel qui s`était donné pour mission de rassembler toute la jeunesse ivoirienne pour défendre le fauteuil de Gbagbo et les institutions de la République face aux agresseurs du 19 septembre 2002 s`est brisé. Simplement parce que les leaders des différents mouvements affiliés à ce collectif n`étaient pas logés à la même enseigne. Il y avait d`un coté les privilégiés comme Blé Goudé, Dakoury Richard et leurs amis et de l`autre Eugène Djué (qui a été chicoté dans la cour même de Gbagbo), Touré Zéguen, Watchard Kédjébo etc… Cette division au sommet a eu des effets sur la base. Car les jeunes qui suivaient aveuglément le mouvement ont compris qu`en réalité, ils étaient utilisés pour mener des combats dont l`objectif était d`enrichir un club d`amis et d`affermir les bases d`un régime qui n`a jamais fait de leur avenir une préoccupation.
Résultat, Blé Goudé a perdu de sa superbe. certes, il n`a rien perdu de ses talents de "crieur public" mais ses cris n`émeuvent plus personne.
Le Fpi cassé, le Cnrd inexistant
Le Fpi, le parti qui a porté Gbagbo au pouvoir en 2000 est aussi déstructuré. L`autorité du président Affi est ravagée par la floraison de clans internes au sein desquels sont regroupés des barons influents du régime.
Le Fpi a aussi produit ses propres déchets, une coquetterie de riches, de super riches, une masse importante de pauvres et de très pauvres. Ce drame, c`est le manque de solidarité et d`entraide entre ces deux classes. Les nouveaux riches et leurs anciens camarades ne se fréquentent plus. Au point où le chef de l`Etat a été obligé de leur demander de tendre la main aux autres et de les inviter à leurs tables de temps à autre. Logique. Certains, comme Mamadou Koulibaly, estiment que d`autres ont dévoyé les nobles objectifs de la Refondation et ont transformé le Fpi en un régime de vautours et de voleurs des deniers publics.
Conscient donc du fait que le Fpi ne pouvait plus faire l`affaire surtout après le création du Rhdp, Gbagbo a suscité le Cnrd, un gros “machin” politique qui devrait fédérer tous les partis et associations de la société civile qui souhaitaient la réélection de Gbagbo. Mais force est de reconnaître aujourd`hui que cette mayonnaise n`a pas pris. Même la désignation de Dr Issa Coulibaly Malick comme directeur national de campagne de Gbagbo ne fera pas sortir le Cnrd de son coma.
La Cei et les sondages
Gbagbo a toujours vécu comme un drame son impossibilité de contrôler la Cei. Comment peut-on espérer remporter les élections lorsqu`on n`est pas sûr de sa majorité et que de surcroît on ne contrôle pas la structure chargée de les organiser ? C`est cet handicap que Gbagbo avait essayé de corriger lorsqu`il a dissout la Cei le 12 février et avait clairement recommandé au Premier ministre Guillaume Soro de lui proposer une nouvelle Cei avec "un nouveau format". Echec et mat. Les vœux de Gbagbo ont échoué devant l`autel de l`application stricte des accords de Ouaga défendue par le Premier ministre et le facilitateur Blaise Compaoré
Le camp présidentiel a, en outre, tenté le tout et pour le tout pour dénaturer à son profit la liste électorale. Opération inondation, inscription, radiations massives en complicité avec certains membres du corps judicaire, détournement des opérations de réclamations sur la liste électorale au profit du corps préfectoral, toutes ces tentatives ont échoué.
Il en va de même des sondages Tns Sofres dont le seul objectif était de positionner Gbagbo comme le potentiel vainqueur des élections avant la compétition proprement dite.
L`armée, l`ultima ratio regum
L`armée apparaît dès lors comme le seul et unique recours pour Gbagbo pour se maintenir au pouvoir. Il faut unir son destin à celui de l`armée ou confier simplement son salut aux hommes en tenue. C`est là que se trouve le sens de la désormais célèbre phrase "Si je tombe, vous aussi vous tombez !" C`est là aussi qu`il faut rechercher l`origine de la grosse pluie de grades qui s`est abattue sur les épaules des officiers supérieurs et généraux. Sinon pourquoi se montrer si généreux à l`égard d`une armée qui "n`a pas gagné la guerre ?".
Il semble que les bénéficiaires de ces jolis cadeaux du cinquantenaire aient bien perçu le message du chef.
Le général Mangou, qui vient d`être élevé au rang de général de corps d`armée ne disait-il pas que, dans sa compréhension, un chef d`état major ne devrait servir qu`un seul président ? On en vient alors à se demander si le rôle d`un soldat est de servir la nation ou le chef de l`Etat. Même si la nuance n`est pas toujours facile à établir dans les règles de commandement, elle existe quand même. La nation et les intérêts de la nation sont au-delà de toute autre considération. Il est aussi faux de croire que lorsqu`un chef d`Etat accède au pouvoir par les urnes, son objectif premier est de couper la tête de tous les généraux et du Cema. L`armée est une institution éternelle chargée de la défense de la nation et du territoire de la République. Son destin n`est pas lié à celui d`un individu fut-il président de la République.
Par Akwaba Saint Clair
Source: Le Nouveau reveil (12/08/2010)
Résultat, Blé Goudé a perdu de sa superbe. certes, il n`a rien perdu de ses talents de "crieur public" mais ses cris n`émeuvent plus personne.
Le Fpi cassé, le Cnrd inexistant
Le Fpi, le parti qui a porté Gbagbo au pouvoir en 2000 est aussi déstructuré. L`autorité du président Affi est ravagée par la floraison de clans internes au sein desquels sont regroupés des barons influents du régime.
Le Fpi a aussi produit ses propres déchets, une coquetterie de riches, de super riches, une masse importante de pauvres et de très pauvres. Ce drame, c`est le manque de solidarité et d`entraide entre ces deux classes. Les nouveaux riches et leurs anciens camarades ne se fréquentent plus. Au point où le chef de l`Etat a été obligé de leur demander de tendre la main aux autres et de les inviter à leurs tables de temps à autre. Logique. Certains, comme Mamadou Koulibaly, estiment que d`autres ont dévoyé les nobles objectifs de la Refondation et ont transformé le Fpi en un régime de vautours et de voleurs des deniers publics.
Conscient donc du fait que le Fpi ne pouvait plus faire l`affaire surtout après le création du Rhdp, Gbagbo a suscité le Cnrd, un gros “machin” politique qui devrait fédérer tous les partis et associations de la société civile qui souhaitaient la réélection de Gbagbo. Mais force est de reconnaître aujourd`hui que cette mayonnaise n`a pas pris. Même la désignation de Dr Issa Coulibaly Malick comme directeur national de campagne de Gbagbo ne fera pas sortir le Cnrd de son coma.
La Cei et les sondages
Gbagbo a toujours vécu comme un drame son impossibilité de contrôler la Cei. Comment peut-on espérer remporter les élections lorsqu`on n`est pas sûr de sa majorité et que de surcroît on ne contrôle pas la structure chargée de les organiser ? C`est cet handicap que Gbagbo avait essayé de corriger lorsqu`il a dissout la Cei le 12 février et avait clairement recommandé au Premier ministre Guillaume Soro de lui proposer une nouvelle Cei avec "un nouveau format". Echec et mat. Les vœux de Gbagbo ont échoué devant l`autel de l`application stricte des accords de Ouaga défendue par le Premier ministre et le facilitateur Blaise Compaoré
Le camp présidentiel a, en outre, tenté le tout et pour le tout pour dénaturer à son profit la liste électorale. Opération inondation, inscription, radiations massives en complicité avec certains membres du corps judicaire, détournement des opérations de réclamations sur la liste électorale au profit du corps préfectoral, toutes ces tentatives ont échoué.
Il en va de même des sondages Tns Sofres dont le seul objectif était de positionner Gbagbo comme le potentiel vainqueur des élections avant la compétition proprement dite.
L`armée, l`ultima ratio regum
L`armée apparaît dès lors comme le seul et unique recours pour Gbagbo pour se maintenir au pouvoir. Il faut unir son destin à celui de l`armée ou confier simplement son salut aux hommes en tenue. C`est là que se trouve le sens de la désormais célèbre phrase "Si je tombe, vous aussi vous tombez !" C`est là aussi qu`il faut rechercher l`origine de la grosse pluie de grades qui s`est abattue sur les épaules des officiers supérieurs et généraux. Sinon pourquoi se montrer si généreux à l`égard d`une armée qui "n`a pas gagné la guerre ?".
Il semble que les bénéficiaires de ces jolis cadeaux du cinquantenaire aient bien perçu le message du chef.
Le général Mangou, qui vient d`être élevé au rang de général de corps d`armée ne disait-il pas que, dans sa compréhension, un chef d`état major ne devrait servir qu`un seul président ? On en vient alors à se demander si le rôle d`un soldat est de servir la nation ou le chef de l`Etat. Même si la nuance n`est pas toujours facile à établir dans les règles de commandement, elle existe quand même. La nation et les intérêts de la nation sont au-delà de toute autre considération. Il est aussi faux de croire que lorsqu`un chef d`Etat accède au pouvoir par les urnes, son objectif premier est de couper la tête de tous les généraux et du Cema. L`armée est une institution éternelle chargée de la défense de la nation et du territoire de la République. Son destin n`est pas lié à celui d`un individu fut-il président de la République.
Par Akwaba Saint Clair
Source: Le Nouveau reveil (12/08/2010)
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