Sunday, January 11, 2009

Crise au Nord du Mali: Quand Fagaga bluffe l'armée malienne

On croyait que le terroriste Hassan Fagaga allait cette fois-ci tenir parole quand il a distillé l’information selon laquelle, lui et trois cent autres bandits armés allaient revenir sur terre, en réintégrant les rangs de l’armée nationale. Erreur pour tout le monde, et même Kadhafi, car, jusque là, l’homme sans foi ni loi, campe toujours sur sa position portant atteinte à la souveraineté nationale, comme par exemple la mise à sa disposition d’une caserne spéciale, le contrôle de l’aéroport de la ville de Kidal…

En encerclant les hommes de Bahanga dans les grottes de Teghargar le 1er janvier dernier, l’armée voulait en finir une bonne fois pour toutes avec cette situation qui n’a que trop duré. Sous la conduite du chef de commandement des opérations militaires de Kidal, le colonel El Hadji Gamou, la troupe loyaliste s’apprêtait à mettre la main sur Bahanga, quand toujours le même message révoltant lui est parvenu, l’invitant à ne pas passer à l’acte.


De qui vient donc ce message problématique qui indigne nos soldats qui pâtissent sous le soleil de plomb de l’Adrar des Ifoghas ? Le mystère persiste à ce niveau, car, comme nous l’avons souligné dans une de nos parutions, il y a un de malaise présentement au sein de la Grande muette sur la manière dont les ordres sont parfois donnés. Ils sont nombreux les militaires, et même des populations, qui soutiennent que la persistance de cette rébellion est en partie liée à la gestion qui en est faite.

Pendant que les bandits armés sont en train de faire des carnages sur leur passage, les soldats loyalistes sont obligés d’attendre le feu vert de Bamako, au moment où l’opportunité leur est donnée d’en finir avec la situation. Tel a été encore le cas en ce jour de 1er janvier 2009, quand les hommes de Gamou ont pour la énième fois encerclé les bandits armés, et s’apprêtaient à les mettre hors d’état de nuire, quand ils ont reçu un message leur interdisant de ne passer à l’acte. Par ce fait, ce qui allait être la grande démonstration pour nos forces armées s’est soldée que par un simple accrochage, au cours duquel, il est important de le souligner, les bandits armés ont subi de lourdes pertes.


Beaucoup d’assaillants ont trouvé la mort, sans que l’armée ne soit satisfaite, car, son objectif était de neutraliser le terroriste Bahanga en personne, et son acolyte Hassan Fagaga. De cette opération, notre armée s’est en sortie avec quelques blessés légers, mais a réussi à récupérer beaucoup de véhicules enlevés au cours des différentes attaques.

Des sources bien introduites nous rapportent que c’est à partir de cette démonstration des potentialités de frappe, dont ont fait preuve les éléments de Gamou, qui a amené Hassan Fagaga et 300 autres assaillants rescapés à exprimer leur volonté de regagner le bercail, car convaincus que le jour où on donnera le feu vert, ils seront tous massacrés. Ces assaillants repentis avaient informé le Guide de la révolution de la grande Jamahiriya arabe libyenne, Mouammar Kadhafi, qui pour a fait dans des circonstances un peu confuses une visite inopinée dans nos murs le week-end dernier, où dès son arrivée à l’aéroport, il s’est empressé d’évoquer le sujet comme s’il était venu informer les Maliens à cet effet.

« Vaut mieux planter des arbres que de poser des mines », avait-il dit, avant d’ajouter que 300 assaillants ont décidé de rejoindre la patrie. La nouvelle a été accueillie côté malien avec scepticisme car, ils sont nombreux ceux qui ne veulent même plus entendre parler de ces narcotrafiquants, qui ont tué tant de Maliens. Mais nos autorités qui courent désespérément derrière une paix du reste impossible ont vite cru à cette déclaration aux allures d’impuissance de ces assaillants, et ont donc envoyé à Kidal une forte délégation conduite par le ministre signataire des accords d’Alger et général de son état, Kafougouna Koné, pour la cérémonie d’accueil qui se voulait grandiose.


Mais c’est une fois dans la Capitale des Ifoghas, que la délégation va se rendre compte du coup de bluff des assaillants. En effet, accompagnée de l’ambassadeur de l’Algérie au Mali, en sa qualité de médiateur, Abdelkrim Gherab, la délégation officielle, une fois sur place a été vite mise au courant des conditions que les assaillants ont encore posées à leur retour dans la ville de Kidal pour l’opération de désarmement, de cantonnement. Ces conditions ont pour noms la mise à leur disposition de l’aéroport de Kidal où ils veulent installer leur base rien que pour la promotion de leur trafic de drogue et d’armes ; de certaines voies d’accès à la ville de Kidal comme du côté de Ten-Essako ; de leur laisser avec leurs armes et l’octroi d’une caserne uniquement à eux seuls ; le renvoi des hommes de Gamou dans les casernes ; l’octroi d’un magasin d’armes et d’un BRDM, etc.


Dans un premier temps ces exigences compromettantes auraient été acceptées par la partie gouvernementale, avant que le chef d’état-major général, le général Gabriel Poudiougou et le colonel Gamou s’y opposent fermement. De sources bien introduites indiquent que ce dernier aurait menacé d’entrer lui aussi en rébellion si l’Etat venait à accepter les caprices des bandits armés, en perte de repères et de crédibilité auprès du médiateur algérien.


L’ambassadeur de l’Algérie au Mali, Abdelkrim Gherab, a souffert le martyre quand il a été commis d’aller porter ce niet de notre Etat aux bandits campés à quelques 15 kilomètres de Kidal. Et puisque le niet catégorique de nos autorités ne peut rien arranger à la situation, il va sans dire que le blocage est toujours là.


A la place d’un dialogue pour la paix, c’est un dialogue de sourd qui prévaut encore à Kidal, au grand dam de ceux qui ont horreur de cette situation interminable. En tout état de cause, on peut constater que dans leurs nouvelles exigences, les Fagaga et consorts ne font que nous renvoyer à la case départ, c’est-à-dire leur laisser les couloirs libres pour le trafic de drogue, armes et autres produits de contrebande.

Source: L'indicateur renouveau

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