La décision était attendue. L'Union européenne devrait prolonger d'un an la mission EUSEC d'assistance à la réforme du secteur de sécurité en RD Congo. Elle avait déjà été prolongée, en juin, d'une durée équivalente à la mission EUPOL d'assistance à la réforme de la police et du secteur judiciaire. Plutôt que d'adopter une simple décision de prolongation,l'action commune (la décision qui fonde la mission), a été remodelée, certaines dispositions étant "clarifiées" (cf. le projet de décision en cours d'examen st12604.fr09.pdf ).
En fait, c'est l'orientation de la mission qui est reconfigurée à la lumière des premiers résultats et des évolutions dans le pays (voir à cet égard l'article intitulé " Candide in Congo : The Expected Failure of Security Sector Reform (SSR) ", by Sébastien Melmot (IFRI) )
L'objectif fixé à la mission a sensiblement évolué. De "contribuer à l'achèvement de l'intégration des différentes factions armées en RDC et de contribuer aux efforts congolais de restructuration et de reconstruction de l'armée congolaise", il est devenu : "assister les autorités congolaises dans la mise en place d'un appareil de défense capable de garantir la sécurité des Congolais". Ce afin de "créer les conditions permettant la mise en oeuvre à court et à moyen termes des orientations retenues par les autorités congolaises dans le plan révisé de la réforme des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC)." Un plan approuvé à la fin mai par le Président de la République du Congo.
Le détail des missions d'Eusec change légèrement. Il n'y plus de mention spécifique de la réforme de la chaine de paiements - action primordiale développée au cours des dernières actions et qui est considérée comme achevée - mais de façon plus extensive de : "l'opérationnalisation de la mise en oeuvre du plan révisé de réforme des FARDC à travers le développement de plans détaillés pour reconstruire les FARDC, notamment dans les domaines suivants: administration, capacités opérationnelles, budget et finances, formation, logistique, droits de l'homme et lutte contre les violences sexuelles, ainsi que ressources humaines." .
La mission est plus structurée. Plutôt que d'un bureau, on parle désormais d'un Quartier-général à Kinshasa, terme plus proprement militaire. Avec une direction, un département soutien administratif et logistique de la mission, et un département de conseillers, au niveau stratégique, affectés aux différentes structures du ministère de la défense. La plupart des conseillers sont basés à Kinshasa. Mais des détachements sont expressément prévus "dans les quatre régions militaires de l'est de la RDC". On a en quelque sorte une mission d'assistance technique militaire de l'UE à l'armée d'un autre pays. Le changement peut ne pas être sémantique. Et l'importance du Congo, un des plus grands (et plus riches potentiellement) pays d'Afrique, n'est pas à nier.
L'importance de cette mission n'est pas à relativiser. L'armée au Congo est à la fois la solution et un problème. Nombre d'exactions (jusqu'au viol ou au meurtre) dans l'Est du Congo sont le fait de l'armée "régulière" en campagne, aux effectifs mal tenus. Les autorités congolaises ont cependant promis, en juillet dernier, d'y mettre bon ordre et de sanctionner de façon nette tout écart à la discipline. Le Congo est aussi un facteur de stabilité indéniable dans cette région des Grands lacs, tourmentée, d'Afrique. La décision le rappelle sans ambiguité : « La situation actuelle en matière de sécurité en RDC pourrait se dégrader, ce qui aurait des répercussions potentiellement graves sur le processus de renforcement de la démocratie, de l'État de droit et de la sécurité au niveau international et régional. Un engagement continu de l'UE en termes d'effort politique et de ressources contribuera à asseoir la stabilité dans la région. »
Le montant consacré est légèrement augmenté: de 8,45 millions d'euros pour la période de 15 mois (juillet 2008-septembre 2009,) on passe ainsi à 10,9 millions d'euros pour la période d'un an à venir (octobre 2009-septembre 2010). Une somme financée sur le budget de l'UE (la mission Eusec Congo est une mission de sécurité qui relève de la PESC, même si elle est composée en grande partie de militaires et a pour objet la réforme du système de défense d'un pays tiers). La mission compte 60 personnes actuellement. Son effectif pourrait être augmenté, notamment avec la contribution de personnels en provenance de pays tiers non UE.
Par de La Boisserie
Source: Blog Regards-Citoyens (03/09/2009)
En fait, c'est l'orientation de la mission qui est reconfigurée à la lumière des premiers résultats et des évolutions dans le pays (voir à cet égard l'article intitulé " Candide in Congo : The Expected Failure of Security Sector Reform (SSR) ", by Sébastien Melmot (IFRI) )
L'objectif fixé à la mission a sensiblement évolué. De "contribuer à l'achèvement de l'intégration des différentes factions armées en RDC et de contribuer aux efforts congolais de restructuration et de reconstruction de l'armée congolaise", il est devenu : "assister les autorités congolaises dans la mise en place d'un appareil de défense capable de garantir la sécurité des Congolais". Ce afin de "créer les conditions permettant la mise en oeuvre à court et à moyen termes des orientations retenues par les autorités congolaises dans le plan révisé de la réforme des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC)." Un plan approuvé à la fin mai par le Président de la République du Congo.
Le détail des missions d'Eusec change légèrement. Il n'y plus de mention spécifique de la réforme de la chaine de paiements - action primordiale développée au cours des dernières actions et qui est considérée comme achevée - mais de façon plus extensive de : "l'opérationnalisation de la mise en oeuvre du plan révisé de réforme des FARDC à travers le développement de plans détaillés pour reconstruire les FARDC, notamment dans les domaines suivants: administration, capacités opérationnelles, budget et finances, formation, logistique, droits de l'homme et lutte contre les violences sexuelles, ainsi que ressources humaines." .
La mission est plus structurée. Plutôt que d'un bureau, on parle désormais d'un Quartier-général à Kinshasa, terme plus proprement militaire. Avec une direction, un département soutien administratif et logistique de la mission, et un département de conseillers, au niveau stratégique, affectés aux différentes structures du ministère de la défense. La plupart des conseillers sont basés à Kinshasa. Mais des détachements sont expressément prévus "dans les quatre régions militaires de l'est de la RDC". On a en quelque sorte une mission d'assistance technique militaire de l'UE à l'armée d'un autre pays. Le changement peut ne pas être sémantique. Et l'importance du Congo, un des plus grands (et plus riches potentiellement) pays d'Afrique, n'est pas à nier.
L'importance de cette mission n'est pas à relativiser. L'armée au Congo est à la fois la solution et un problème. Nombre d'exactions (jusqu'au viol ou au meurtre) dans l'Est du Congo sont le fait de l'armée "régulière" en campagne, aux effectifs mal tenus. Les autorités congolaises ont cependant promis, en juillet dernier, d'y mettre bon ordre et de sanctionner de façon nette tout écart à la discipline. Le Congo est aussi un facteur de stabilité indéniable dans cette région des Grands lacs, tourmentée, d'Afrique. La décision le rappelle sans ambiguité : « La situation actuelle en matière de sécurité en RDC pourrait se dégrader, ce qui aurait des répercussions potentiellement graves sur le processus de renforcement de la démocratie, de l'État de droit et de la sécurité au niveau international et régional. Un engagement continu de l'UE en termes d'effort politique et de ressources contribuera à asseoir la stabilité dans la région. »
Le montant consacré est légèrement augmenté: de 8,45 millions d'euros pour la période de 15 mois (juillet 2008-septembre 2009,) on passe ainsi à 10,9 millions d'euros pour la période d'un an à venir (octobre 2009-septembre 2010). Une somme financée sur le budget de l'UE (la mission Eusec Congo est une mission de sécurité qui relève de la PESC, même si elle est composée en grande partie de militaires et a pour objet la réforme du système de défense d'un pays tiers). La mission compte 60 personnes actuellement. Son effectif pourrait être augmenté, notamment avec la contribution de personnels en provenance de pays tiers non UE.
Par de La Boisserie
Source: Blog Regards-Citoyens (03/09/2009)
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