Thursday, October 29, 2009

Côte d'Ivoire: Ouest Montagneux - FDS-FAFN, le duo qui a enraillé l'insécurité

Avec l’avènement des barrages mixtes composés d’éléments des FDS et FAFN, la sécurité est progressivement de retour dans l’ouest montagneux. Cependant, une question reste pendante aux yeux de tous les observateurs: Quelle politique de réinsertion pour ces jeunes habitués au maniement des armes ? Pendant ce temps, ils deviennent l’objet de toutes les convoitises à l’approche des échéances électorales; ‘’équation est alors à plusieurs inconnues.

« Que le tout puissant bénisse ceux qui ont eu la divine idée de créer les forces mixtes, c`est-à-dire mettre en tandem les éléments des Forces Armées des Forces Nouvelles et les éléments des Forces de Défense et de Sécurité pour le retour de la sécurité dans notre zone qui comprend : Duékoué, Fengolo, Bangolo et Man. Car c’est l’ancienne boucle du cacao et au fort de la crise, nos femmes et nous-mêmes avons vécu des cauchemars. Aujourd’hui la sécurité revient progressivement et cela est à mettre au compte des forces mixtes ». C’est en ces termes que s’est expliqué Alexis Tiagba, professeur au collège privé ‘’les hirondelles’’ de Duékoué. Ces propos de l’enseignant traduisent le sentiment des populations de la région. La grande satisfaction des habitants de l’ouest montagneux est le retour de la sécurité dans cette zone qui demeure un important axe pour l’agriculture d’exportation. «Bien que la boucle du cacao se soit déplacée, le Manois en particulier et l’homme de l’ouest montagneux en général considère que leur région demeure utile, avec une forte production cacaoyère et bien sûr le café qui demeure la première culture d’exportation de l’homme de l’ouest », m’a confié mon guide. Une visite guidée sur les barrages mixtes à Fangolo sur l’axe Duékoué, Man, nous a permis d’être en contact avec des autorités militaires. Il s’agit notamment du commandant Yéo de la compagnie ‘’Guépard’’ qui nous a résumé leur tâche en ces termes : Ici notre tâche principale se résume au contrôle des passagers mais aussi à dissuader une éventuelle attaque des miliciens ou des brigands qui depuis l’éclatement de la crise ont vu leur nombre accroître sans cesse ». Des propos qui laissent sous-entendu que les ‘’commandants’’ Yéo, ‘’les frères ennemis’’ restent les miliciens qui, du reste, sévissent encore dans la région. A ce propos, mon guide du jour a reconnu la présence des miliciens mais, avoue que le danger vient plutôt des ‘’brigands venus de tous les coins de la Côte d’Ivoire avec une forte présence de burkinabés qui constituent véritablement les vrais bourreaux de la population de l’ouest, et d’ajouter : « avant l’arrivée des barrages mixtes il ne se passait pas une semaine d’attaque de camions de cacao, de véhicules personnels ou même de nos femmes, c’était une véritable cauchemar pour nous les fonctionnaires ». L’insécurité était d’autant plus préoccupante qu’il était devenu impossible pour les agents de l’Etat en fonction dans cette zone d’effectuer des opérations bancaires de peur d’être agressée par les bandits. « A la fin du mois, nous désignions, un membre parmi nous pour aller seul effectuer l’opération bancaire. Et par rotation, chaque fonctionnaire avait son tour et on priait le Tout Puissant pour qu’il arrive sain et sauf », a expliqué Coulibaly Lamine, enseignant dans la région. Aujourd’hui, les choses bougent dans le bon sens et la sécurité est progressivement de retour. Mais la question de la réinsertion des jeunes qui se sont portés volontaires reste entière. Avec la fin de la crise et la perspective des échéances électorales, quelle sera la politique réinsertion des jeunes ex-combattants ? Cette préoccupation ne semble pas paniqué ‘’les jeunes soldats’’ qui considère leur mission comme un sacerdoce. Toutefois, leur condition est : « qu’on leur trouve un point de chute une fois la normalisation du pays sera totalement effective », a expliqué un président d’ONG à Duékoué. Cependant, certains ne partagent pas l’optimisme de ce leader de la société, car pour eux, de la question de la réinsertion dépendra en grande partie la résolution de la crise, car cette crise militaro-politique fait suite à une grave crise économique ; une crise du chômage des jeunes, de la perte des valeurs républicaines ou encore de l’échec du système éducatif. Les avis sont alors partagés sur la question de la réinsertion des jeunes. Cependant, en tout état de cause, l’on a constaté qu’à chaque barrage mixte, l’entente était cordiale entre éléments des FDS et des FAFN. De retour, il est 13 h 30 mn, ce samedi 24 octobre, à l’entrée de Man, notre voiture est stoppé, par, trois jeunes se présentant à nous comme des ‘’policiers’’. Surpris je me suis posé la question de savoir, s’il existait la police ici ? Mon guide m’a alors répondu: « On les appelle de façon pompeuse policiers ici à Man, mais en réalité, ils sont des éléments des FAFN. Ils ne sont pas particulièrement agressifs ». Après le contrôle d’usage les ‘’trois militaires’’ lancent : « on ne vous exige pas une somme, mais pouvons-nous avoir un peu d’argent, car notre situation financière est très difficile ». Surpris par cette attitude, je ne pus m’empêcher de leur donner, une pièce de 50 Frs CFA. En plein centre de Man, ces ‘’néo-soldats’’ circulent en moto. Ils se distinguent facilement par leur tenue et soucient peu de la problématique de leur réinsertion. Pendant ce temps, avec l’éminence de la présidentielle, ils sont objets de toutes convoitises de la part de quelques hommes politiques. Décidément, la problématique de la réinsertion devient une équation à plusieurs inconnues.

Par Williams Arthur Prescot

Source: Nuit & Jour (29/10/2009)

Côte d'Ivoire: Centre de commandement intégré - Fds et Fafn menacent de se soulever

Du rififi en vue au Centre de commandement intégré (CCI). Des éléments du CCI commis à la sécurisation des audiences foraines réclament leurs arriérés de prime. Et menacent de se soulever contre la structure en charge de la sécurisation du processus électoral.

«Nous sommes les oubliés Fds-ci et Fafn-ci du Centre de commandement intégré », se sont-ils indignés lors de la rencontre qu`ils ont eue hier avec la presse. Leur amertume, c`est surtout contre la cellule financière du CCI qu`ils entendaient la manifester. Selon les soldats mécontents, celle-ci les a royalement oubliés. « Comment peut-on utiliser des hommes, de surcroît en arme, et refuser de payer les primes qui leur reviennent de plein droit ? », se sont-ils interrogés ? Et d`ajouter qu`ils ont naïvement cru en leurs supérieurs hiérarchiques qu`ils pensaient être “souffrances et désagréments moraux et financiers de leurs subordonnés ou administrés que nous sommes ». Selon ces soldats, les montants des arriérés impayés des primes varient entre 210.000 F et 350.000 F par élément. Ils soutiennent être environ 3.000 soldats dans cette situation. Et de faire remarquer que certains de leurs camarades ont déjà perdu la vie dans cette attente. “Pour la cause des défunts et pour notre propre cause, nous projetons d`ici peu un soulèvement contre le Cci, parce qu`à travers lui, nous espérons être entendus et compris par les plus hautes autorités du pays», ont indiqué les soldats. Joint au téléphone, un des responsables du Centre de commandement intégré confirme que la structure doit effectivement de l`argent à certains de ses éléments. « Ces arriérés, soutient-il, sont connus et seront pris en compte dès que la situation financière le permettra. Mais, se demande-t-il, comment des éléments venus d`unités différentes et qui, pour la plupart ne se sont connus qu`au cours de la sécurisation des audiences foraines, peuvent se rencontrer et faire cette déclaration ». De l`avis de notre interlocuteur, il y a anguille sous roche. « Des gens tapis dans l`ombre, opposés à une sortie de crise apaisée sont en train de manipuler ces braves soldats », croit-il. Aussi, leur demande t-il de faire confiance à leur hiérarchie. « Les généraux Mangou Philippe et Soumaila Bakayoko sont conscients de ces problèmes et y trouveront la solution idoine. Ce sont des chefs soucieux du bien-être de leurs éléments », assure-t-il. Faut-il le rappeler, le Général Philippe Mangou, chef d`état-major des Fds-ci avait insisté au cours d`un discours prononcé au Centre de commandement intégré sur le respect de la discipline militaire dans les différentes unités. « Nous ne tolérerons plus l`indiscipline au sein de notre armée », avait-il déclaré. Le cri de cœur des éléments du Cci pourra t-il dans ces conditions, trouver une oreille attentive ?

Par Ousmane Diallo

Source: Nord-Sud (29/10/2009)

RCA: Tenue à Bangui d’une table ronde sur la réforme du secteur de la sécurité

Le gouvernement centrafricain et ses partenaires nationaux et internationaux se réunissent, jeudi 29 octobre 2009 au palais de l’Assemblée nationale, à Bangui, en vue d’apprécier la mise en œuvre de la réforme du secteur de la sécurité (RRS) qui occupe une place indispensable dans le document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP).

Organisée par le secrétariat technique, cette table ronde qui fait suite à celle des bailleurs du 26 octobre 2007 et au séminaire d’avril 2008, permettra aux principaux acteurs impliqués dans ce processus, d’évaluer le parcours suivi depuis les assises du Dialogue Politique Inclusif (DPI) qui a réuni à Bangui, du 8 au 20 décembre 2008, le gouvernement, les partis d’opposition ainsi que les groupes armés et la société civile.

A cette occasion, le ministre délégué à la présidence de la République, chargé de la Défense Nationale et président du comité sectoriel de la RSS, « fera l’état du secteur de la sécurité et présentera les stratégies, les programmes et les projets aux partenaires au développement afin de susciter leur adhésion au processus de mobilisation des ressources », indique le secrétariat technique de la RSS dans un communiqué.

Pour sa part, le Premier ministre Faustin Archange Touadéra « lancera à l’intention de nos partenaires, un appel afin qu’ils aident le gouvernement à assurer la paix, à prévenir les conflits et à promouvoir l’état de droit », précise le communiqué, ajoutant que « les responsables du secrétariat technique permanent de la RSS présenteront une note technique, la stratégie sectorielle et le besoin de financement de la RSS ».

Rappelons qu’après les échanges entre les deux parties, il s’en suivra un tour de table des partenaires pour les annonces éventuelles, ainsi qu’une conférence de presse animée par le président du comité sectoriel de la RSS, le ministre d’Etat au Plan, la directrice pays du PNUD, l’Ambassadeur de l’Union Européenne, la représentante de la Banque Mondiale.

La tenue de cette table ronde intervient près d’un mois après le lancement d’une campagne de sensibilisation sur la RSS marquée par la présentation d’un guide Pratique à l’Usage des Parlementaires pour le contrôle démocratique du secteur de la sécurité.

Donnant suite à une table ronde des bailleurs de fonds tenue à Bruxelles en octobre 2006 pour mobiliser les ressources nécessaires à la mise en oeuvre de son document de stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP), le gouvernement centrafricain avait organisé à Bangui, du 14 au 17 avril 2008, un séminaire sur la réforme du secteur de la sécurité.

Ce séminaire avait abouti à des conclusions opérationnelles dont la mise en oeuvre a fait l’objet d’une évaluation en juin dernier à Bangui.


Source: en-afrique.info (29/10/2009)

Wednesday, October 28, 2009

Guinea-Bissau: Security sector reform still lagging

In Guinea-Bissau security sector reform remains stalled but donors say the necessary laws are being written and it is now up to the government to get them through parliament.

International donors have been pushing the government and security forces to reform in order to boost stability in Guinea-Bissau, a country prone to coups and attractive to drug-traffickers.

Since beginning its work on security sector reform (SSR) in 2006 the European Union delegation – which is leading the process – has worked with three governments and Prime Ministers, as well as three Presidents, while witnessing two elections and two political assassinations.

The EU has drafted laws to restructure the army, navy, air force and nine police divisions, as well as drawn up codes of conduct, good practices and discipline in the security forces, EU spokesperson in Guinea-Bissau Miguel Sousa told IRIN.

But while the National Assembly has approved four reform laws, it has yet to pass 10 others, according to EU documents.

“We can’t do anything without the basis of the law,” Sousa told IRIN. “People think: Brilliant – send us people, send us money, give us new barracks. But we need to follow a legal process…We [EU] can draft laws but we cannot approve them.”

High expectations

Expectations for the reforms are high, said Vincent Foucher, a Bissau-based researcher with the Centre d’Étude d’Afrique noire in Bordeaux. “When the EU announced its security sector reform programme, people expected big things….The army asked, where is the cash? The police wanted to see changes,” he said.

“We’ve seen money come in to pay for some salaries and to improve some barracks,” Foucher said. “But the money to retire soldiers is still not there, so people can’t see the immediate change they want.”

Restructuring the army includes retiring some 1,500 members, but just a handful have been retired thus far as no donor funding has come through, and the government has not yet decided how much each retiree should receive as a pension.

But Sousa said progress has been made. “I have a list of laws, along with codes and guidelines, we have produced; a team from the defence forces, police and prosecution services meets every day to coordinate the changes; and trust [among ministries] has been built – this is progress.”

Army spokesperson Maj. Mama Jaquite told IRIN while the military is committed to reform, it is time to see some concrete results such as the much-talked-about improvements to military barracks – a first step in the reform process. He is preparing documents for a 2010 donor roundtable where SSR funds will be discussed.

Justice Minister Mamadou Saliu Djalo Pires meanwhile has been advocating the reform in his ministry and is working closely with Portuguese and Brazilian donors to train judiciary police. And President Malam Bacai Sanha – sworn into office in September – recently called on his advisers to get him up to speed on the SSR process.

But many in the lower ranks of the security forces are still unaware of what reform entails, observers said. And while government and security spokespersons are saying the right things, this is not translating into action, according to Foucher.

Another hitch is that the government has expressed concerns about handing over too much say to international actors. “The government can stall the process under the guise of its sovereignty being stifled,” he said.

There have been questions, for example, over whether international donors or a government-donor committee would manage SSR funds.

Next steps

For now there are no funds to wrangle over. Donors are expected to meet in early 2010 to commit funds to the reform process.

The EU looks likely to be the principal financial contributor and to continue taking a lead role in the process, working closely with the government, the Economic Community of West African States and the UN, according to Sousa.

However the EU mission is still awaiting approval from its member states to extend its presence until May 2010.

The UN is scheduled in 2010 to set up an integrated mission in Guinea-Bissau, one of the priorities of which will be to help the country build the foundations for long-term peace and stability.

Source: IRIN (27/10/2009)

Tuesday, October 20, 2009

Togo: Présidentielle de 2010 - Des officiers de police et de la gendarmerie à l'école des règles de maintien de l'ordre

Une cinquante d’officiers de police et de la gendarmerie étaient en conclave depuis lundi à Lomé pour le renforcement de leur connaissance en matière de maintien de l’ordre.

Organisée par le bureau du HCDH, le Centre Régional des Nations Unies pour la paix et le désarmement en Afrique (UNREC) et le CICR en collaboration avec le ministère de la sécurité, cette formation est axée sur le respect des droits de l’homme et les principes humanitaires par les forces de sécurité dans les opérations de maintien de l’ordre.

Ce conclave qui doit s’achever le 23 octobre prochain, permettra aux participants d’acquérir une bonne dose de notions sur le rôle qu’ils doivent jouer de manière professionnelle dans le cadre des opérations de maintien de l’ordre pour la présidentielle fixée au 28 février 2010.

Selon le ministre togolais de la sécurité Atcha Titikpina, cette formation permettra de prendre en amont, des dispositions nécessaires pour un scrutin apaisé.
Etabli à Lomé en octobre 1986 en application de la résolution 40/151G du 16 décembre 1985 de l’Assemblée Générale des Nations Unies, l’UNREC intervient en appuyant les pays dans les processus et initiatives de paix en Afrique, dans la limitation des armes et aide au désarmement.

Il intervient également dans le contrôle de la prolifération des armes légères et de petit calibre et appuie les réformes du secteur de sécurité et de défense et la professionnalisation des forces armées et de sécurité.

Le Centre aide également au renforcement des capacités humaines et institutionnelles en matière de paix, de sécurité et de désarmement, à la prévention et résolution des conflits.

Par Junior Aurel

Source:
Savoir News (20/10/2009)

Sunday, October 18, 2009

Guinée: L'ivresse du pouvoir du capitaine Dadis Camara

Au pouvoir depuis neuf mois, Dadis Camara s'est attiré les foudres de la communauté internationale au lendemain de la sanglante répression du 28 septembre. Rencontre avec le chef de la junte qui dit "être entre le marteau et l'enclume" et éclairages sur le comportement de certains éléments de l'armée guinéenne.

Voir le reportage de France 24

Source: France 24 (09/10/2009)

Friday, October 9, 2009

Guinée: Apres les événements dramatiques de Conakry - Le nettoyage a commencé dans l`armée

Les autorités guinéennes ont décidé de nettoyer l`armée suite aux évènements dramatiques qui ont secoué le pays le 28 septembre dernier, au grand stade de Conakry.

Le rassemblement le lundi 28 septembre dernier des forces vives de la nation (partis d`opposition) de Guinée dans le grand stade du 28 septembre de Conakry a causé la mort d`une cinquantaine de personnes. Ces morts par balles et d`autres par bousculade, ont durement provoqué l`émoi tant en Guinée que dans la communauté internationale. Indexé comme le principal instigateur de cette tuerie, le Capitaine Moussa Dadis Camara, le chef de l`Etat a toujours prôné son innocence. Il a promis faire la lumière sur ces évènements. Afin que les coupables soient arrêtés et punis. Depuis le mardi 6 octobre, le patron du Conseil national pour la démocratie et le développement (Cndd), le Capitaine Moussa Dadis Camara a décidé de passer à la vitesse supérieure, en arrêtant les commanditaires et tous ceux qui sont impliqués dans cet acte ignoble qui jette le discrédit sur les actions des membres du Cndd. Un comité d`enquête a donc été mis en place par le Conseil national pour la démocratie et le développement (Cndd). Ce comité aura la lourde charge d`arrêter tous ceux qui, de près ou de loin, sont impliqués dans cette tuerie. Car, selon les sources proches du dossier, ni le Capitaine Moussa Dadis Camara, encore moins les membres du Conseil pour la démocratie et le développement n`a donné d`ordre à qui que ce soit de charger la foule amassé dans l`enceinte du grand stade du " 28 septembre " de Conakry. Déjà, dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 octobre, certains soldats ont décidé de faire ombrage à ce comité. Des bruits de bottes se sont fait entendre au camp militaire Alpha Yaya Diallo, quartier général du Capitaine Moussa Dadis Camara. Malgré ces cliquettements, ce comité entend aller jusqu`au bout. Afin que lumière soit faite et les responsabilités situées. Des sources indiquent aussi que, outre les enquêtes qui seront menées, les autorités militaires au pouvoir profiteront pour " nettoyer " l`armée tout entière. Une armée que le chef de l`Etat qualifie même " d`incontrôlable ". Récemment, lors d`un entretien avec la presse, le Capitaine Moussa Dadis Camara a expliqué qu`il hérite d`une armée de 50 ans. Où, personne ne connaît exactement sa place. " Depuis 50 ans, les soldats vont à la maison avec leurs armes. Ils ne connaissent pas la hiérarchie. Il peut arriver à un soldat de dire non à son chef ", a fait-il remarquer. Avant d`ajouter qu`il faut une refonte totale de cette armée.

Par Joseph Atoumgbré

Source: Le Temps (09/10/2009)

Guinée: Clivage au sein de la junte militaire

La junte au pouvoir à Conakry commence à se déchirer après les sanglants évènements du 28 septembre, au cours desquels 150 personnes ont été tuées selon les Nations unies. Le ministre chargé de la Sécurité présidentielle, le capitaine Claude Pivi, s'oppose désormais ouvertement à Dadis Camara car il veut écarter Aboubacar Toumba Diakité, l'homme qui a dirigé la répression contre les manifestants au stade de la capitale, et qui est l'aide de camp et chef de la garde présidentielle. Des négociations entre les deux parties ont finalement commencé dans la soirée de mercredi et se poursuivaient ce jeudi.

Pour l'heure, le capitaine Claude Pivi et ses hommes sont sur le pied de guerre bien décidés à arrêter Toumba Diakité et 85 soldats identifiés comme ayant participé au massacre. Depuis mercredi soir, il tente de convaincre le président de lâcher son aide de camp. Les discussions, parfois houleuses, se prolongeaient ce jeudi. Elles se déroulent dans une ambiance d'équilibre de la terreur au camp Alpha Yaya, où chacun s'observe avec méfiance.

Les différents clans possèdent en effet plusieurs centaines de fidèles armés et un dénouement violent n'est pas exclu. Beaucoup estiment par ailleurs que l'issue de ce règlement de comptes dépendra de l'attitude du troisième homme fort de la junte, le colonel Sekouba Konaté, ministre de la Défense. Pour l’heure il n’a pas pris position.

Le Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l’homme a réitére sa disposition à participer à une enquête sur les massacres du 28 septembre et de préférence à une enquête internationale. Bakre Wali Ndiaye, chef de la division Droits de l'homme au Haut commissariat s’est exprimé à ce sujet, soulignant que cet organisme est disposé à collaborer à toute enquête qui pourrait permettre de « mettre fin à l’impunité » qui, selon lui, « est une des causes des événements extrêmement sérieux et malheureux qui se sont passés le 28 septembre ».

Cette enquête internationale était une des propositions initiales du chef de la junte, mais, pour l'instant, le gouvernement guinéen a opté pour la création d'une commission d'enquête nationale composée de 31 membres, des personnes proches de la junte mais aussi des membres des forces vives, le rassemblement des partis d'opposition, des syndicats et de la société civile.

Reporters sans frontières (RSF) a appelé les médiateurs dans cette crise à protéger les journalistes guinéens. L'organisation de défense de la presse souligne que certains ont été menacés de mort et violentés durant la répression de la manifestation de l'opposition, le 28 septembre. Pour RSF, le règlement nécessaire de la crise guinéenne passe non seulement par la protection des civils mais également par celle des journalistes qui subissent les dérapages des militaires au pouvoir.

Source: RFI (08/10/2009)

Wednesday, October 7, 2009

Madagascar: Trois hauts gradés rompent le silence

« Nous réclamons le respect et l’application stricte des résolutions des assises nationales des forces armées ; nous réclamons l’application de la charte et des accords de Maputo ; nous réclamons aussi la liberté d’expression et le libre exercice des droits démocratiques à tout citoyen et nous refusons que les soldats soient utilisés comme forces répressives. Nous exigeons la neutralité des forces armées ». Ce sont les revendications lues en public par presse interposée, par trois hauts gradés des forces armées malgaches. Ils sont : un colonel et deux généraux, tous en exercice mais non à la retraite. Ils ont parlé devant la presse et ont diffusé un communiqué. Parmi ces trois « soldats », on citera en premier le général Rasolomahandry, ancien chef d’Etat major général des armées malgaches (ex-CEMGAM), qui était accompagné du contre-amiral Abel Radavidson et du colonel Alfred Raberanto.

En tout cas, les forces armées sont chahutées ces derniers mois. Et récemment, le malaise n’a pu être caché. Le général Rasolomahandry, souvenons-nous, a été accueilli à l’aéroport international d’Ivato par le Chef d’Etat major des forces armées, le colonel Ndriarijaona André. Des rumeurs avaient circulé à propos de son arrestation aussitôt qu’il rentre de Maputo. Interrogé à ce sujet, le colonel Ndriarijaona André a répondu à la presse avec des propos qui ne sont pas sans laisser indifférents. Il a fait comprendre que si jamais l’ex-CEMGAM était arrêté, cela risquait de créer des troubles dans l’armée. La preuve est ces multiples rappels à l’ordre des hiérarchies établis mais aussi ce conclave des « ombimanga » ou « Pères Systèmes ». Ce lundi 5 octobre 2009, le général Rasolomahandry a parlé en public sans plus considérer la hiérarchie installée depuis le 17 mars 2009.

Dimanche 4 octobre 2009, des va-et-vient de militaires ont été aperçus au Palais d’Ambohitsorohitra et selon des indiscrétions, les forces armées sont partagées entre les deux, trois ou quatre camps (Monja Roindefo, Andry Rajoelina, trois mouvances, neutres).

Par Bill

Source: Tribune de Madagascar (06/10/2009)

Tuesday, October 6, 2009

Burkina Faso: Contre le hooliganisme des forces de défense et de sécurité

Jugez-en vous aussi ! Il suffit dans ce pays, d’appartenir à un corps organisé: nouvelles recrues dans l’Armée nationale, police, compagnie de sécurité, pour se croire supérieur à toutes les autres composantes de la Nation, et de ce fait être intouchable, même si l’on vient à se rendre coupable d’un acte ignoble, d’un acte que réprouve la société. A la moindre altercation avec un autre citoyen du corps social, l’individu se réfère à son groupe d’appartenance pour organiser une descente punitive. La horde appelée à la rescousse se livrant à des casses et autres comportements injustifiables contre les autres et contre leurs biens. Elle se conduit comme si elle avait reçu la mission de libérer un des leurs des mains d’un ennemi. C’est bon que soit cultivé l’esprit de corps dans un groupe social. Chaque membre doit, pour se sentir en sécurité, avoir le sentiment qu’il fait partie d’un corps respecté et craint pour ses vertus et son refus de l’arbitraire. Seulement, cet esprit de corps, ce sentiment de faire partie d’un corps ou d’une profession ne doit pas se manifester quand il est question de casser et d’exercer des actions de violence sur d’autres membres du corps social qui eux, n’en font pas partie. Si l’esprit de corps devait se limiter à des actions de banditisme, à de comportements de hooligans, c’est mieux de ne pas le cultiver, ni le développer. Dans ce cas, l’instinct de corps devient nocif, destructeur et ravageur. Il constitue un danger pour tous les autres corps. Il aura suffi d’une simple bagarre opposant deux individus: un citoyen civil et un élève assistant de police dans un maquis du secteur n° 9 de Ouagadougou, pour que l’ensemble de la promotion 2008-2010 organise une descente punitive au cours de laquelle elle a molesté, violenté et cassé tout ce qui se trouve dans ledit maquis et aux alentours. Devant la riposte organisée par la population pour se défendre contre « ces justiciers » d’une autre époque, mais aussi devant les condamnations unanimes de cette équipée des élèves assistants de police, le ministre de la Sécurité s’est trouvé contraint de prendre des mesures tendant à décourager à l’avenir de tels agissements. C’est une des rares fois que l’autorité réagit publiquement et promptement face à ces drames dont se rendent coupables des éléments des forces de police et de défense. Si des mesures semblables, si des mesures courageuses avaient été prises chaque fois que des éléments d’un corps donné se comportaient comme les élèves assistants de police, il y a longtemps que ces dérives préjudiciables à la paix sociale seraient terminées.

Les mesures prises par le ministre de la Sécurité prévoient entre autres: l’exclusion temporaire de tous les élèves assistants de police de la promotion 2008-2010; des retenues sur leur pécule aux fins de réparation des dommages qu’ils ont causés au cours de leur équipée punitive et la création d’une commission d’enquête dont le but est de statuer avec précision sur les implications des uns et des autres dans ce douloureux incident. La commission d’enquête devra aussi évaluer les dommages subis par les victimes. Voilà qui va donner à réfléchir à des hommes qui avaient pour mission primordiale de défendre et non d’agresser. Nous estimons que les retenues sur pécule seront proportionnelles au montant des dommages engendrés lors de cette descente punitive. Les retenues devront durer le temps nécessaire pour couvrir tous les dommages de quelque nature qu’ils soient. Il n’y a pas de doute qu’une telle mesure, si elle est appliquée avec rigueur et efficacité va dissuader de nombreux futurs « justiciers ».

Plus que l’impact des mesures sanctionnant des comportements qui sont indignes de la police, il faut s’interroger sur le passé des personnes qui ont pu se laisser aller à de telles extrémités. Nous avons toujours cru qu’avant d’être admis dans un corps comme la police et la gendarmerie, les services compétents dans ces corps menaient des enquêtes approfondies sur les candidats admis. Si cela est vrai, les enquêtes devraient permettre de connaître la personnalité de celui qui a été recruté; si moralement et socialement il est apte à servir dans la police avec les contraintes inhérentes à ce métier. C’est pourquoi, il est difficile de comprendre que des hommes qui, à l’issue de leur formation recevront comme mission principale la protection du citoyen et de ses biens, se soient conduits de la sorte. Si l’on incorpore dans la police des délinquants et des voleurs qui écumaient leurs quartiers et leurs villages, il n’y a aucun doute que tôt ou tard leur tendance première reviendra au-dessus à la moindre occasion. Dans un article consacré aux concours directs de la Fonction publique session 2009, nous avions écrit: « Pas de voleurs à la Fonction publique ».

N’ayons pas peur de le dire : ce sont généralement des élèves qui ont des parents proches des forces de sécurité qui prennent la tête de ce genre de manifestations. Ce sont également eux qui rendent la vie impossible au corps professoral. Ils sont des éléments qu’on ne peut pas sanctionner à cause du parapluie qui les protège. Ces élèves sont loin d’avoir la moralité et la droiture de leurs parents. Ce que nous avons dit n’est pas seulement propre aux écoles de police. Partout, on rencontre des reçus à un examen qui ont été « parachutés ». Le plus souvent, c’est leur impolitesse et leur arrogance qui le disent. Nous osons écrire aujourd’hui comme à la Fonction publique: « Pas de délinquants et de drogués à la Police nationale ». Ils sont un danger pour la tranquillité sociale.

Par Sidzabda

Source: Le Pays (05/10/2009)

Madagascar: Forces armées - Le Général Rasolomahandry interpelle

Le général Edmond Rasolomahandry, dernier chef d’état-major de l’armée du régime Ravalomanana, hausse le ton. Dans un communiqué en date du 2 octobre qu’il signe avec le contre-amiral Abel Radavidson et lu par lui-même hier, au Motel de Tana, il invite le commandement militaire à prendre ses responsabilités.

Les deux officiers généraux signataires du communiqué en appellent notamment au respect de la neutralité en vue de redorer le blason des Forces armées. Ils souhaitent également que les résolutions des assises nationales militaires et de la Charte de Maputo soient mises en œuvre.

«Tous ces sujets ont déjà été plus ou moins évoqués», a toutefois réagi le ministre des Forces armées Noël Rakotonandrasana. Pour lui, l’intervention du général Rasolomahandry n’a d’autre objectif que de semer le doute sur l’unité des armées au sein de l’opinion.

Par
Lova Rabary-Rakotondravony

Source: L'Express de Madagascar (06/10/2009)

Friday, October 2, 2009

Zimbabwe: ‘Hidden crimes’ of state security agents to be exposed

The hidden crimes of systematic detention, torture and murder committed against MDC activists and pro-democracy campaigners by state security agents will soon be exposed, in a $500 million lawsuit against the government.

Prominent human rights activist Jestina Mukoko and eight MDC activists are suing the government for a record $500 million, after terror charges against them were dropped on Monday by the Supreme Court. The Court granted them all a permanent stay of prosecution because of their illegal detention and torture. They were facing charges of plotting to overthrow Robert Mugabe and recruiting people to train as bandits in Botswana.

Lawyer Harrison Nkomo confirmed on Thursday that he had filed the $500 million lawsuit in Harare on Tuesday. Respondents in the case are the police commissioner, Augustine Chihuri, former Intelligence Minister Didymus Mutasa (who sanctioned the abductions) and several CIO and police officers.

Besides Chihuri and Mutasa, a number of senior security agents and police officers, involved in the planning and execution of the abductions, were named in a court affidavit some months ago. They are: Assistant Director External of the CIO retired Brigadier Asher Walter Tapfumanei; police Superintendents Reggies Chitekwe and Joel Tenderere; Detective Inspectors Elliot Muchada and Joshua Muzanango; Officer Commanding CID Homicide the notorious Crispen Makedenge; Chief Superintendent Peter Magwenzi; Senior Assistant Commissioner Simon Nyathi.

SW Radio Africa has it on good authority that a list of the ‘foot soldiers’ - the actual abductors and torturers within the state apparatus - has been compiled and will be released at the appropriate time. The list is accompanied by a damning dossier that documents what the agents did, when, where and how.

‘Its like you are reading a book from the Nazi torture camps. But we’ve entered a period in the country where human rights violations cannot be ignored any more. The best way to deal with these dastardly acts is to expose the names of the perpetrators,’ a source told us. The source added that the transitional government should be prepared to be held accountable by a critical, questioning populace that is now refusing to be cowed into compliance.

‘We all know ZANU PF still controls the levers of power but gone are days where Robert Mugabe will trample on people’s freedoms with impunity,’ the source added. During the past three decades, Mugabe’s security forces have continually violated the rights of the people of Zimbabwe – they have killed, tortured, raped and massacred with impunity, free from any fear of punishment.

‘This lawsuit will act as a test case to gauge the level of freedoms enjoyed under the unity government. The victims in the lawsuit have been able to document what happened to them since the periods they were abducted,’ our source said.

He added; ‘Historically, mankind has always shown a propensity for inflicting agony upon its fellow man but what these people went through can only be described as hell. The torture techniques, ostensibly designed to extract confessions, were often so brutal that almost all the victims have been left scarred for life. In Mukoko’s case, after she was abducted from her home in Norton in December, she was constantly moved from one police station to another and other places of detention.’

‘She was made to kneel on gravel, punctuated with beatings on the soles of her feet, to try to force her to admit she was recruiting Zimbabweans for military training in neighbouring Botswana,’ the source said.

By
SW Radio Africa

Source: The Zimbabwean (02/10/2009)

Zimbabwe: Army schools ill equipped

Zimbabwe National Army (ZNA) schools in the country, are suffering from dilapidate infrastructure and a severe equipment shortage, it has been learnt.

The ZNA schools welfare Trust Board will visit eight of the 17 ZNA schools, 12 secondary and five primary schools, countrywide to assess their condition and come up with ways of improving service delivery.

Former Minister of Information and Publicity, who is the board's chairperson, Dr Sikhanyiso Ndlovu, was told during the tour of one of the schools in Bulawayo, Induna High School, that most of the equipment at the school was outdated.

"The science lab is outdated. The computer laboratory has only seven computers but we need at least 100, and internet access," the science department told Dr Ndlovu.

The Library employees complained that there was no reading room and the facility was seriously under-stocked, while the whole school had inadequate furniture.

Ndlovu said that was the general picture in the other schools that they had visited. He said plans were underway to address the issue.

"We are in the process of engaging the corporate world and donors like UNICEF to solve most of the problems facing the schools," he said.

He applauded the teachers at the army schools for not engaging in industrial action even when conditions were tough.

"When other teachers went on strike screaming for more money, the army teachers were appealing for more chalk. We are working hard to reward them for their dedication and perseverance," he said.

By
Paul Ndlovu

Source: The Zimbabwean (30/09/2009)

Thursday, October 1, 2009

Guinée: Un militaire témoigne

Le capitaine Dadis Camara souligne l'indiscipline et la totale désorganisation de l'armée, qu'il « faut obligatoirement réformer ». Mais il impute la responsabilité du « carnage », aux leaders de l’opposition en les accusant d’avoir poussé des jeunes à la rue. Mais les révélations se font de plus en plus précises venant des organisations des droits de l’homme et même des rangs de l’armée. Nous publions le témoignage d’un militaire, acteur de la répression.

RFI: Monsieur, vous êtes militaire au sein du BATA, le Bataillon autonome des troupes aéroportées, et vous étiez parmi les soldats qui ont réprimé la manifestation du 28 septembre.

Militaire: Effectivement monsieur, je fais partie de ceux qui ont réprimé cette manifestation sanglante au niveau du stade du 28 septembre; oui !

RFI: Je veux d’abord vous demander si toutes les informations qu’on a diffusées ces derniers jours c’est-à-dire tous les témoignages qu’on a eus font état de tirs à balles réelles sur les populations et de viols de femmes. Est-ce que vous avez vu ça de vos propres yeux ? Est-ce que vos collègues du BATA, les militaires ont commis ces actions ?

Militaire: Je confirme, qu’il y a eu des viols, qu’il y a eu des tirs à balles réelles. Effectivement, monsieur.

RFI: Le matin, quand on vous a envoyés pour empêcher la manifestation de l’opposition au stade, est-ce qu’on vous avait donné des ordres précis ?

Militaire: Cest la gendarmerie qui était d’abord concernée puisqu’ils ne se sont pas entendus avec les opposants, on a reçu l’ordre d’aller mater cette opposition, que nos chefs ont qualifié d’indisciplinés. Nous sommes y compris moi, j’en faisais partie, on ne pouvait pas refuser les ordres c’est-à-dire c’était d’aller mater les opposants et leur faire comprendre qu’il n’y a qu’une seule autorité en Guinée et de leur donner une leçon. Il y a eu tellement de morts, on ne pouvait même pas compter. Moi, j’avais même des vertiges franchement, j’avais des vertiges. Il y a eu 160 ou 180 morts. Franchement, je ne peux même pas vous dire combien de cadavres. Et je sais que dans la nuit du lundi, ils nous ont dit d’aller récupérer les corps et on a récupéré environ 47 corps qui ont été enfouis, je ne peux pas dire à quel endroit vraiment.

RFI: Vous-même avez participé à cette opération de récupération des corps dans les morgues ?

Militaire: Je suis fonctionnaire.

RFI: On vous a obligé à aller récupérer les corps ?

Militaire: On ne peut pas refuser. Si on refuse, on est mort.

RFI: Si vous refusez, vous êtes mort ?

Militaire: Effectivement.

RFI: On vous avait donc distribué des armes et des munitions ?

Militaire: Effectivement, on avait des armes et des munitions depuis près d’une semaine et on était déjà aux aguets.

RFI: Depuis une semaine, vous étiez aux aguets ?

Militaire: oui.

RFI: Quand on vous a dit d’aller mater et donner une leçon à l’opposition, est-ce qu’on vous a donné l’ordre de tuer des opposants, des leaders politiques ?

Militaire: L’ordre de donner de tuer des opposants, franchement non. Mais il fallait donner une leçon. Si je dis « donner une leçon » en termes militaires, vous connaissez ce que ça veut dire !

RFI: Est-ce que vous pouvez m’expliquer ce que ça veut dire précisément ?

Militaire: Ca veut dire les châtier normalement sans les tuer quand même, de démontrer et de prouver que franchement le pays il est commandé. C’est comme ça qu’on nous a dit.

RFI: Beaucoup de témoignages que nous avons recueillis font été de viols massifs et collectifs, d’exactions comme des viols avec des armes sur des femmes. Est-ce que vous avez pu identifier les soldats ou les corps auxquels appartenaient ces soldats qui ont commis ces exactions ?

Militaire: Ce sont les gens de la garde présidentielle, puisque les gendarmes étaient un peu en arrière. Il n’y avait pas que des armes, il y avait aussi des bois, monsieur. On prenait toute sorte de choses. Et même des pieds !

RFI: Vous me disiez tout à l’heure que vous ne pouviez pas refuser d’aller mater l’opposition. Quel est votre sentiment aujourd’hui ?

Militaire: Depuis lundi, je ne dors pas. Je n’arrive pas à dormir. Je ne fais que revoir ces images horribles, ces vivants, ces tués à balles réelles à bout portant au niveau… je n‘arrive pas à dormir. Je fais des cauchemars. Je n’arrive pas à dormir. (Soupirs)

RFI: Tout le monde a tué ?

Militaire: C’était des ordres, monsieur, c’est tuer ou être tué.

RFI: Vous-même, vous avez dû tuer des gens ?

Militaire: (silence) C’est très difficile pour moi de répondre à cette question. Je vous dis, c’est tuer ou être tué.

RFI: C’est tuer ou être tué. Les ordres venaient donc de la hiérarchie ?

Militaire: Franchement, il n’y a pas de hiérarchie actuellement dans l’armée. Vous pouvez recevoir des ordres de tout le monde. Tout le monde donne des ordres ici, tout le monde donne des ordres. Il n’y a pas une hiérarchie dans l’armée guinéenne. C’est de la pagaille. Franchement parlant, c’est de la pagaille. On dirait des milices qui sont organisées. Franchement, ça fait longtemps que nous sommes là dans l’armée et franchement, c’est de la pagaille. Il faut que la communauté internationale vienne en aide, si non franchement j’ai peur pour ce pays.

RFI: On parle beaucoup du désordre qui règne au sein de l’armée. Est-ce que vous pouvez nous parler de ce désordre. Comment fonctionne aujourd’hui le BATA où vous êtes un membre intégré. Est-ce qu’il y a eu des recrutements ces derniers temps ? Est-ce qu’il y a des milices à l’intérieur du BATA ?

Militaire: Oui, si je vous confie qu’il y a des milices à l’intérieur du BATA. Il y a des gens qui sont venus. Il y a même des miliciens venus du Libéria, qui sont actuellement incorporés au sein de l’armée guinéenne, au sein du BATA, sans aucune éducation militaire, sans aucune formation. Ce sont vraiment là des assassins qu’on est en train de recruter, monsieur. Franchement, je suis militaire, je suis militaire mais j’ai peur pour ce pays. Ce n’est pas dans cet esprit là que avons pris le pouvoir. Nous avons pris ce pouvoir pour vraiment garantir l’intégrité de notre pays, pour vraiment faire de notre pays une grande démocratie. Mais ce n’est pas ce qui se passe actuellement dans l’armée guinéenne. C’est vraiment écœurant, nous avons peur franchement. Même nous les militaires, on a peur. On a peur franchement. Actuellement, il y a plus de 600 personnes incorporées dans l’armée, des éléments venus de la forêt, des éléments venus du Libéria, monsieur. On a peur même de règlements de compte.

RFI: Vous êtes militaire depuis quelle année ?

Militaire: Depuis 2002.

RFI: Et depuis que vous êtes incorporé dans l’armée, depuis que vous êtes au BATA, vous avez vu la situation se dégrader donc j’imagine ?

Militaire: La situation se dégrade de jour en jour.

RFI: Est-ce que ces nouveaux incorporés, est-ce que les personnes que l’on recrute aujourd’hui, disposent d’armes ? Est-ce que vous avez eu des armes neuves ? Est-ce qu’il y a beaucoup d’armes qui arrivent aujourd’hui dans les casernes ?

Militaire: C’est tous les jours que les armes circulent dans nos casernes. Ceux qui sont recrutés aujourd’hui et incorporés ont des armes. Ils ont tout : des grenades, des armes, des munitions. On ne tient pas compte de la date d’intégration. Il suffit seulement de former les gens et de leur montrer le chemin de bataille, c’est tout. Il y a des jeunes volontaires que l’on a recrutés et qui franchement sont là seulement pour préserver le pouvoir en place, sans aucune éducation militaire. Cette équipe cherche aujourd’hui comment préserver le pouvoir. Elle ne veut pas quitter le pouvoir… ces gens sont comme le président Conté. C’est maintenant qu’on voit, même nous, le vrai visage de ce chef. Même nous, on est marginalisé dans l’armée. On est marginalisé dans l’armée. On a peur…Tu ne peux pas parler. Je vous dis actuellement dans l’armée, c’est l’anarchie totale, l’anarchie totale, l’anarchie totale ! On ne sait pas qui est qui dans l’armée aujourd’hui. Personne ne connaît aujourd’hui qui est le commandant ou le caporal ! Ils ont bastonné le général Toto… ce sont les gens de la garde présidentielle. Des caporaux. Il n’y a pas d’ordre dans l’armée guinéenne. Dans cette armée, s’il n’y a pas de force d’intervention, je vous assure que la Guinée va sombrer un jour très proche dans l’anarchie, ça viendra de ce même camp Alpha Yaya. Tous les ingrédients sont réunis pour qu’il y ait vraiment un affrontement un jour très proche au sein du camp Alpha Yaya. Franchement, j’ai peur pour ce pays.

Source: RFI (01/10/2009)